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Politique culturelle

Seconde chance pour les Halles

La Mairie de Paris présente les projets de quatre équipes internationales pour réhabiliter les Halles. Le choix définitif, annoncé fin juin, consistera probablement en un panachage.


Projet MVRDV
© Benoît Grimbert - SEM Paris Centre
PARIS. Ce n'est pas tant la nostalgie de Baltard que l'échec à peu près absolu de la «rénovation» des années soixante-dix qui a poussé l'administration Delanoë à engager une réflexion sur les Halles. Deux espaces se superposent aujourd'hui sans véritable interaction, si ce n'est quelques tubes engorgés de voyageurs pressés : un jardin au dessin peu clair, peuplé de médiocres parapluies métalliques et une ville souterraine qui voit transiter près d'un million de personnes par jour, régurgitées par un gigantesque nœud de transport (trois lignes de RER et quatre de métro). La municipalité a donc pour objectif une requalification de l'espace public, en améliorant l'accessibilité aux transports en commun et en réduisant encore davantage la circulation automobile.


Projet SEURA David Mangin
© Benoît Grimbert - SEM Paris Centre
Les jardins de Nouvel
Un vœu louable que les équipes invitées interprètent chacune de façon personnelle. La star nationale, Jean Nouvel, joue sur le concept de jardins suspendus : ils sont au nombre de trois. Le plus élevé tutoie les parties hautes du Centre Pompidou. Il sert de toit à une grande halle, lieu de chalandise et porte d'accès aux moyens de transport. Seule protubérance notable : le conservatoire, planté devant l'église Saint-Eustache, qui ressemble à une sculpture de Dubuffet travaillée à la gouge. Chez David Mangin, la citation directe à Baltard est encore plus évidente puisque la halle, de hauteur limitée (9 mètres) est un énorme carré de 145 mètres de coté. Devant s'étend une «rambla» barcelonaise où sont alignés quelques kiosques. La Bourse de Commerce, actuellement butoir aveugle, s'ouvre sur le jardin et accueille un restaurant panoramique.


Projet Atelier Jean Nouvel
© Benoît Grimbert - SEM Paris Centre
Comment occuper le vide ?
Les deux équipes hollandaises prennent chacune un pli différent. Rem Koolhaas, autre grand habitué des commandes internationales, piquette la surface des Halles de mini gratte-ciel ou «émergences», qui amènent à différents équipements du sous-sol. Ce grand vide des Halles, de 400 sur 180 mètres, que le candidat Mangin définit perfidement mais fort justement comme le «seul aspect positif de la rénovation des années 70», se vérole ainsi de pains de sucre de toutes les couleurs. MVRDV fait un choix opposé en surélevant légèrement le jardin, désormais posé sur un «podium», qui pourra servir de socle à de futurs programmes. Ce podium est en fait un grand vitrail que l'on peut arpenter et qui fait davantage penser à une vitrine en sucre candi qu'à la cathédrale de Chartres. Il illumine des entrailles désormais ouvertes. Ces quatre exercices de style, brillants, lumineux mais si différents illustrent la difficulté de réhabiliter un grand espace de sept hectares qui a perdu l'activité centrale très «structurante» qu'était le marché. Seul MRVDV imagine de le recréer partiellement, rue des Halles. La Commission municipale d'appels d'offres choisira en juin l'équipe lauréate. Mais le projet qui sera ensuite soumis au Conseil de Paris a toutes les chances d'être un pot-pourri des quatre propositions actuelles.


 Rafael Pic
09.04.2004