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Marché

L'inconnu qui vendait plus que Van Gogh

Jack Vettriano, peintre populaire boudé par les musées, va-t-il être enfin consacré lors de la vente de tableaux écossais chez Sotheby's ?


The Singing Butler, 1991,
huile sur toile, 71 x 91 cm.
Estimation : 150 000 £
EDIMBOURG. Bien peu connaissent son nom : Jack Vettriano, né en 1951 d'un père écossais et d'une mère italienne. C'est pourtant un des peintres les plus recherchés du moment. Du moins dans les boutiques d'affiches et de cartes postales. Ses images, dont l'atmosphère rappelle un peu celle d'Edward Hopper, dépasseraient, selon des estimations difficiles à vérifier, la diffusion des grands classiques Dali, Monet ou Van Gogh. Jack Vettriano toucherait en droits d'auteur environ 500 000 £ par an. Un succès commercial, qui a une contrepartie vexatoire : les musées refusent de voir entrer ses œuvres dans leurs collections. A la question récemment posée par le Guardian sur cet ostracisme, les conservateurs ont prudemment évité de prendre position ou se sont fait porter absents…


Etude pour Edith et the Kingpin,
huile sur toile, 41 x 45 cm.
Estimation : 30 000 £
Dix-neuf lignes téléphoniques
« Nous proposons quatorze toiles de Vettriano dans notre vente du 19 avril explique l'expert André Zalttinger, dont la plus célèbre de toutes, le Singing Butler peint en 1991. Nous l'avons estimée à 150 000 £. La cote de Vettriano connaît une croissance exponentielle : ce tableau a été acheté par son propriétaire en 1999 pour environ 30 000 £. Depuis, le record de Vettriano a été battu plusieurs fois : 89 000 £ l'an dernier pour une étude, justement, du Singing Butler, puis une autre toile a atteint 98 000 £ en décembre 2003. Pour vous donner une idée de l'intérêt que suscite la vente, un chiffre suffira : avant même d'exposer les tableaux, vendredi dernier, nous avions déjà 19 lignes de téléphone réservées. » Autant dire que Vettriano, qui a de fervents admirateurs comme Jack Nicholson, pourrait encore battre son record personnel. L'ancien ingénieur des mines, peintre autodidacte qui vénère les Anciens, amateur des ambiances «bar d'hôtel» avec hommes en smoking et femmes en robe longue (ou entièrement dénudées…), nourrit un secret espoir. Que cette reconnaissance devienne enfin officielle et que la Kirkcaldy Art Gallery ne soit plus la seule collection publique à accrocher ses peintures. Si les pontes de la Tate Britain ne veulent pas faire le déplacement à Edimbourg, qu'ils soient avertis : Vettriano présentera une rétrospective de ses dernières créations à la Portland Gallery de Londres, au mois de juin.


 Charles Flours
Rafael Pic
19.04.2004