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Cologne, l'art à tous les niveaux

La foire de Cologne développe une stratégie originale : proposer en même temps trois salons spécialisés, consacrés à l'art graphique contemporain, aux antiquités, aux livres anciens.


Apocalypse, livre xylographique,
vers 1465, université de Cologne.
COLOGNE. Dans le panorama encombré des foires artistiques, Cologne a un atout maître : Art Cologne, qui attire en novembre près de 250 exposants et 70 000 visiteurs. Derrière cet événement phare, le deuxième rendez-vous local, en avril, a des ambitions plus modestes. Mais il a aussi son lot d'amateurs pour avoir su mener une intelligente stratégie d'agrégation. La traditionnelle Westdeutsche KunstMesse, qui en est à sa 35e édition, a attiré dans son orbite, depuis quelques années, le Salon du livre ancien. Et lorsque Kunstköln, spécialisé dans les éditions limitées, les livres d'artistes, l'art brut, a été créé en 2000, il a tout naturellement complété la trilogie. Chacun de ces salons attire entre 20 000 et 30 000 visiteurs avec, on l'imagine une clientèle commune non négligeable qui est également attirée par les expositions temporaires. Cette année, l'université de Cologne présente deux très rares éditions xylographiques des années 1465 dont une Apocalypse.


Ernst Mollenhauer, Les Brise-lames,
galerie Boisserée.
Les prix restent sages
Ces trois salons sont très «allemands», la présence étrangère se limitant, pour 2004, à deux exposants au salon du livre (dont la librairie française Monsieur le Prince) et guère plus à la foire des antiquaires. En revanche, Kunstköln est plus international : cette année, un tiers des 95 exposants sont étrangers. A côté de la française Esther Woerdehoff, de l'autrichien Salis & Vertes ou du néerlandais Blue Elephant (de Maastricht), on trouve notamment quatre hongrois et un lituanien. Cette atmosphère «provinciale» favorise les découvertes et permet de maintenir des prix très modérés. Ainsi, au salon du livre, de nombreuses pièces se négocient sous la barre des mille euros. En 2003, le prix le plus élevé, 22 000 euros, a concerné la série limitée des 34 catalogues édités entre 1967 et 1978 par le Musée national de Mönchengladbach. A Kunstkoln 2003, c'est le portfolio Camouflage d'Andy Warhol qui a emporté la palme (55 000 euros chez manus presse), à côté de gravures de Chillida à 5 000 euros (Meyer Ellinger), de la Shoe Box d'Arman à 4000 euros (der Spiegel) ou des dérangeantes photographies de poupées de Morton Bartlett (2 800 euros chez Suzanne Zander), récemment vues à la Halle Saint-Pierre. Ce n'est qu'à la foire des antiquaires que l'on traite au-dessus des 100 000 euros : en 2003, une Composition grise (1962) de Poliakoff était partie à 200 000 euros à la Galerie française de Munich, qui revient cette année. La galerie Thole Rotermund propose une Lune sur la ville de Hans Reichel, un peintre autrichien longtemps actif à Paris, où il est mort en 1958 (39 000 euros). Chez Boisserée, deux paysages d'Ernest Mollenhauer (1892-1963) sont annoncés autour de 50 000 euros. Mais l'on pourra aussi bien craquer pour des toiles baroques de peintres rhénans, de l'argenterie, de la porcelaine de Meissen, de flacons à parfum Fabergé (un exemplaire est parti à 15 000 euros en 2003), ou encore l'inévitable mobilier Biedermeier.


 Charles Flours
21.04.2004