Home > Le Quotidien des Arts > Un Orient rêvé

Expositions

Anonyme, Bords du Nil, vers 1860, BnF, estampes et photographies
© Bibliothèque nationale de France


Un Orient rêvé

La Bibliothèque nationale de France étudie le regard porté par les Européens au 19e siècle sur les autres rives de la Méditerranée.

L’exposition retrace l’itinéraire des voyageurs de l’époque, de la Palestine à la Syrie, en passant par l’Egypte et la Turquie,et met en images, au travers de daguerréotypes, puis de tirages papier, l’imaginaire de ce siècle, fasciné par l’Orient. Initié par l’expédition de Bonaparte en Egypte, l’engouement pour ces contrées, encore méconnues des Occidentaux, s’amplifie au cours du siècle, pour devenir, dès 1840, la destination de prédilection de nombreux artistes et écrivains. La photographie en est alors à ses prémices, les plaques de verre (daguerréotypes) sont ses premiers supports. La fragilité du matériau et de l’émulsion en font des objets rares de nos jours. De très beaux exemplaires, œuvres du peintre et lithographe J. P. de Prangey, récemment acquises par la BnF, sont i exposés ici pour la première fois.

Viennent ensuite les clichés de Maxime Du Camp, homme de lettres, qui à l’instar de nombre de ses contemporains, effectue le voyage en Orient, se faisant à cette occasion, photographe. Ses photographies témoignent d’une volonté de penser et de construire l’image, au moyen notamment de jeux d’ombre et de lumière très maîtrisés. Il en est de même pour ces clichés réalisés par John B. Greene ou Auguste Salzmann, effectués non dans le cadre de voyages d’agrément, excursions littéraires ou artistiques, mais dans celui des missions archéologiques, alors en plein essor. Ces prises de vues, de par leur nature documentaire, s’attachent à enregistrer des détails architecturaux, donnant parfois lieu à d’étonnantes compositions, minimalistes avant l’heure. A ces grands noms de la photographie amateur et scientifique, se juxtaposent ceux de professionnels, fondateurs d’ateliers commerciaux, tels J. Pascal Sebah, les frères Abdullah ou encore Félix Bonfils. La place, non négligeable, qui leur est accordée au sein de l’exposition, est à l’image du développement que connaissent ces structures dès les années 1870, essor révélateur de l’émergence d’un tourisme moderne. Mais si leurs images, chargées d’illustrer l’imaginaire occidental, offrent une vision biaisée de l’Orient, pittoresque et caricaturale, elles n’en sont pas moins, pour certaines, douées d’une indéniable poésie.


 Raphaëlle Stopin
16.10.2001