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Marché

Vervoordt : l'antiquaire passe aux enchères

Dans une «house sale» spectaculaire qui s'étend sur trois jours, le marchand belge se sépare de quatre mille objets.


Otto van Veen, Portraits
des quinze premiers empereurs
romains
, fin XVIe siècle
(150 000 à 250 000 €).
ANVERS. Axel Vervoordt aime le spectacle. On se souvient que, lors de la dernière biennale des antiquaires à Paris, il avait doublé son stand minimaliste d'une entière péniche amarrée sur la Seine. Cette fois-ci, la représentation est à domicile puisque le lieu choisi pour les enchères, menées par Christie's du 10 au 12 mai, est son château de 's-Gravenzeel, près d'Anvers. Le mot d'ordre est : éclectisme. Eclectisme des prix avant tout, puisque l'on pourra concourir pour des lots estimés à plus de 100 000 euros ou, au contraire, coûtant moins de 200 euros. Eclectisme des œuvres d'art, ensuite. Il y a là des bouddhas, des peintures de la Renaissance, des meubles anglais (Axel Vervoordt avouant préférer leur rude simplicité aux formes complexes du mobilier français) ou des tapisseries de Bruxelles.


Boddhisattva, Chine du Nord,
pierre, entre 549 et 577,
(30 000 à 50 000 €).
L'art du pot-pourri
C'est dans cette dernière catégorie que l'on trouve la pièce la plus chère : ce Couronnement d'Atalante a été réalisé dans les ateliers de Gerard Peemans à la fin du XVIIe siècle (150 000 à 250 000 €). A la même hauteur se situe une curieuse composition picturale d'Otto van Veen représentant les quinze premiers empereurs romains, d'Auguste à Antonin. Elle aurait inspiré la série similaire réalisée dans les années 1620 par Rubens, dont van Veen fut l'un des maîtres. On trouve de beaux ensembles de céramiques de Moustiers et de Marseille (un service complet de la manufacture de Joseph Fauchier, vers 1750, 35 000 à 45 000 €). En s'éloignant dans le temps et dans l'espace, voici une urne romaine en porphyre, le matériau récemment mis à l'honneur par le Louvre dans une exposition thématique (80 000 €). Puis un bodhisattva du VIe siècle (30 000 à 50 000 €) ou une sculpture khmère postérieure de six cents ans, représentant Prajnaparamita, la mère de tous les bouddhas. Mélanger les styles, les époques, c'est un peu le péché mignon d'Axel Vervoordt qui, en dehors de son activité d'antiquaire et d'animateur culturel (il a créé un grand complexe, nommé Kanaal, dans une ancienne malterie près de chez lui), est aussi un décorateur très recherché par la jet-set, qui raffole de sa façon de composer des pots-pourris. «J'ai toujours trouvé très stimulant de mélanger de l'art contemporain très abstrait avec de superbes objets venant d'un passé lointain» explique-t-il en introduction à la vente. Ce que l'on pourra aisément vérifier…


 Rafael Pic
11.05.2004