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Marché

Rendez-vous à Bâle

Art Basel, lieu de ralliement incontournable des galeries d'art contemporain, se tient cette semaine. La foire donne le pouls du marché : on l'annonce satisfaisant.


Erwin Wurm, Fat House, 2003
Courtesy Galerie Krinzinger
BÂLE. Certains salons sont fiers de montrer la participation de galeries prestigieuses. A Bâle, c'est le contraire : les galeries sont fières d'être retenues. C'est la preuve qu'elles font bien partie du gotha. Pour cette 35e édition, elles sont 270 à tenir stand au Messe Basel. Tous les poids lourds sont évidemment là : Berggruen, Bischofberger, le marchand de Barcelò, Gagosian, la superstar du moment, qui vient d'ouvrir à Londres, Gmurzynska, riche en Malévitch, Krugier, plutôt avare de sa présence, Luhring Augustine, Marlborough, qui a attaché son nom à celui de Francis Bacon, Pace Wildenstein, Ropac, Sonnabend et le White Cube de Jay Jopling, l'un des hérauts des Young British Artists. Chez ces gens-là, on va traiter de belles affaires avec force «curators» venus de musées américains en vue d'enrichir leurs collections. Les transactions au-dessus d'un million de dollars n'y seront pas rares.


Sylvie Fleury, 8, 2000
Galerie Eva Presenhuber, Zurich
Hirschhorn ? Il est absent ?
L'intérêt d'Art Basel est de ne s'être pas limité à être un promenoir pour happy few. Les gloires sont présentes mais les jeunes promesses ont aussi leur place. Elles sont réunies dans la section Art Statements et l'on peut être sûr de trouver parmi ces élus qui ont moins de 35 ans certains des futurs grands. Le mexicain Dr. Lakra, spécialiste du tatouage ? Le polonais Marcin Maciejowski, qui réécrit l'histoire de la peinture avec des portraits de jeunesse des grands artistes ? Ou le trio d'Icelandic Love Corporation dont on a déjà largement entendu parler ? Dans quelques années, on les retrouvera peut-être dans la section Art Unlimited. Lancée en 2000, elle connaît un succès indéniable. C'est là que sont présentées les grandes installations, les performances avec des volumes spectaculaires à l'image de la Grosse Maison d'Erwin Wurm. Des propositions intéressantes mais auxquelles manque parfois la pointe de subversion que savaient apporter Jeff Koons ou Santiago Sierra. A l'heure où le politique ne semble plus guère motiver les artistes,Thomas Hirschhorn, qui fut autrefois le premier lauréat du prix Duchamp, réalise une performance à sa façon. En page 278 du catalogue, sur la notice de la galerie Kulli, il annonce sa décision de ne plus exposer en Suisse, son pays, à la suite de la percée du parti d'extrême-droite de Christian Blocher. «Je veux me mettre au défi. je veux demander plus que je ne peux exiger (…) On ne peut pas faire d'art avec des compromis (…).


 Charles Flours
14.06.2004