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Politique culturelle

Le Louvre ouvre la chasse aux mécènes

Aucun grand musée ne peut désormais faire l’économie de ressources privées. Le Louvre développe son département de «fundraising».


Salle du manège, Musée du Louvre,
réaménagée grâce au mécénat
de Fimalac © Etienne Revault
PARIS. On n’en est pas encore au stade du Metropolitan Museum de New York, où une centaine de personnes, permanents et stagiaires, œuvrent pour convaincre les mécènes. Une équipe impressionnante mais qui s’explique : aux Etats-Unis, les ressources privées représentent l’essentiel du budget d’un musée comme le «Met». Il n’en va pas de même en France où l’Etat fournit plus de la moitié des recettes du Louvre, mission de service public oblige. Cependant, les objectifs toujours plus pressants de rentabilité financière et le montant des investissements de rénovation imposent de développer, même au Louvre, la part du financement privé. «Notre équipe est en plein développement, explique Christophe Monin, son responsable. Elle compte aujourd’hui dix personnes : quatre sont chargées du mécénat d’entreprise – deux pour la France et deux pour l’Asie et les Etats-Unis. Trois collaborateurs s’occupent du mécénat des particuliers, deux autres des opérations exceptionnelles. Le dernier assure la veille d’information, indispensable pour mieux cibler nos objectifs.»

Le PMU mise sur la cour de Marly
Un contrat d’objectifs et de moyens – c’est une première dans le cas d’un établissement public culturel – assure au Louvre le soutien de l’Etat mais lui impose de trouver, sur la période 2003-2005, 20 millions d’euros par ses propres moyens. «A mi-parcours, nous avons dépassé les objectifs. Parmi les proches rendez-vous, on peut signaler le cas de l’exposition Primatice à la rentrée, soutenue pour plusieurs centaines de milliers d’euros par Morgan Stanley, celle consacrée au sacre de Napoléon, qui bénéficie de l’appui de Chaumet et de la fondation Napoléon. Mais aussi la contribution du PMU à la restauration de la cour Marly ou de la Caisse d’Epargne pour les actions éducatives. La galerie d'Apollon ouvrira en novembre grâce à une restauration financée par Total, la Salle des Etats suivra grâce à Nippon TV. Quant au site internet, dont la version renouvelée ouvre en janvier 2005, trois mécénès, Crédit Lyonnais, Accenture et Blue Martini ont apporté 8 millions d'euros en argent ou en compétence.» Il y a quelques jours, la Salle du Manège a été inaugurée après que son réaménagement eut été payé par la holding Fimalac, du financier Marc Ladreit de Lacharrière, un contributeur régulier.

Une nouveauté : le Cercle Louvre Entreprises
Mais le Louvre ne peut pas compter que sur les grandes entreprises. Il doit également développer un vivier de PME philanthropes. «Nous avons créé il y a quelques mois le Cercle Louvre Entreprises. Les membres ne souhaitent pas forcément être associés à un projet particulier ou veulent faire des dons plus modestes.» Un effort analogue est fait vers certaines catégories socio-professionnelles. Les notaires, notamment, sont très courtisés. «Nous étions récemment au Salon des notaires. Ils ont une tradition du don humanitaire mais n’ont pas l’habitude du mécénat en direction des musées.» Et les notaires sont les intermédiaires idéaux pour convaincre les particuliers les plus fortunés de bénéficier de cette façon des intéressantes déductions fiscales instituées par la loi du 1er août 2003.

Trouver 25 millions pour les arts d'Islam
Le prochain contrat d’objectifs et de moyens haussera certainement la barre. D'ores et déjà, on sait que le département des arts d'Islam, chaudement souhaité par Jacques Chirac, et qui ouvrira le 1er janvier 2009 dans la cour Visconti, coûtera 50 millions d'euros et que le mécénat devra apporter la moitié de cette somme. «Deux autres gros besoins apparaîtront dans un futur proche, conclut Christophe Monin, la restauration de la galerie des objets d'art et celle de la cour du Sphinx, qui abrite les antiquités romaines et étrusques. On peut évaluer chacune d'elles à 15 millions d'euros.»


 Rafael Pic
28.06.2004