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Expositions

Georg Flegel et Martin van Valckenborgh, Nature morte aux fruits, fleurs et légumes avec un homme offrant à boire à une jeune femme, huile sur toile, 114 x 173 cm, 1605-1612
© Galerie Virgine Pitchal


Antoine Pesne, Le bal costumé, huile sur toile, 74 x 91 cm
© Galerie Virginie Pitchal


Les fêtes galantes

Virginie Pitchal fait partie de cette jeune génération de galeristes parisiens qui se consacre à l’art ancien et a de l’œil. Cet automne, elle a choisi le thème des fêtes et festins.

Au 40 de la rue Jacob, à l’entrée de la galerie Pitchal, deux tableaux accueillent les visiteurs, un Simon de Vos et un David Vinckboons. De quoi introduire de plain-pied dans ce 17e siècle et sa célébration des plaisirs des sens... Ici, une scène galante et ses allégories des joies de l’amour, grasses huîtres aphrodisiaques et statue de Cupidon versant de l’eau à la fontaine. Là les joies de la bonne chair et de la boisson dans l’atmosphère ombragée d’un parc de château.

Une fois à l’intérieur, le programme des réjouissances se prolonge. Une quinzaine de toiles essentiellement flamandes et hollandaises mais aussi allemandes, françaises ou italiennes plongent dans ces fêtes joyeuses. Comme l’explique Fred Meijer de l’Institut néerlandais pour l’histoire de l’art de La Haye dans la préface du catalogue, il s’agit pour les peintres de montrer leur maîtrise technique. La description des mets et des décorations les plus variés ou le rendu de l’immense gamme d’expressions illustrant la gaieté sont autant de pièces de bravoure. Ce sont par exemple les trognes de paysans enivrés et bruyants du Carnaval de Louis de Caullery ou les sourires béats des jeunes époux peints par Gerrit Lundens... Quant aux commanditaires, ils peuvent se délecter de ces peintures aux détails savoureux qui sont rendues acceptables par leurs messages moralisateurs : critique de la paresse ou du gaspillage de l’argent dans les plaisirs éphémères...

Parmi ces œuvres, une éblouissante Nature morte de la main de Georg Flegel, réunissant les délices des quatre saisons, se déploie sous le regard tentateur d’un homme offrant à boire à une jeune femme, peinte par Martin van Valckenborgh. Expertisée et datée de 1600 par le professeur Bergström en 1990, Fred Meijer estime aujourd’hui qu’elle est plus tardive. Comme il nous l’a expliqué, la collerette de la femme incite à la dater des années 1605-1612, juste avant la mort de Valckenborgh. Signalons également le seul tableau français, Le bal costumé, une composition wattesque de figures de fantaisies récemment attribuée par le professeur Dominique Brême à Antoine Pesne, un artiste bien représenté dans les collections allemandes pour avoir été premier peintre de Prusse à la cour de Frédéric Ier et pour avoir participé à la décoration des résidences de Frédéric II, de Charlottenburg à Berlin à Sans-Souci à Potsdam.


 Zoé Blumenfeld
22.10.2001