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Marché

Une paire de sceaux à glace, Meissen, 1730-1735, 35 cm
Estimation : 100 000 / 120 000 DM


Les chinoiseries de Meissen

À Cologne, la maison Lempertz disperse une importante collection privée de porcelaines germaniques.

Après avoir été présentée à Bruxelles, Munich et Berlin, une superbe collection privée de céramiques allemandes est mise en vente ce samedi par la maison Lempertz, à Cologne. Ces 201 lots de porcelaine ont été réunis par une entreprise privée qui tient à rester anonyme. Provenant des manufactures de Meissen et Berlin - KPM, la manufacture royale de Prusse -, ils couvrent une large période qui va du début du 18e siècle au début du 20e siècle. Comme nous l’a expliqué Ingrid Wildrtraut, l’expert de cette vente, l’accent est mis sur les débuts de la manufacture de Saxe, la première à avoir produit de la porcelaine dure en Europe.

Les chefs-d'œuvre de la vente comptent ainsi parmi les toutes premières chinoiseries de Meissen, comme un haut pot à couvercle aux motifs de Kakiemon daté de 1729 ou une superbe paire de sceaux à glace au rare décor de famille verte et aux anses en forme de sirènes (estimée à 100 000 DM). À ce titre, un petit bol de 1723 peint de scènes historiées chinoises est particulièrement intéressant puisqu’il a été réalisé dans l’atelier de Johann Gregorius Hoeroldt, le premier à s’être lancé à Meissen dans ce goût extrême-oriental. Autre pièce d’exception, un ensemble de voyage des années 1740 réunissant cafetière, théière, pot à thé, pot à sucre, six tasses, sous-tasses et quatre bols, dans leur coffre d’origine couvert de velours et de cuir. Contrairement aux ensembles les plus courants dans les musées allemands, toutes les pièces, en excellent état de conservation, sont ici exclusivement en porcelaine, une porcelaine à fond d’or et aux motifs bleus d’oiseaux et de fleurs. On en attend 85 000 DM.

La maison Lempertz propose de nombreux autres lots illustrant les différents styles de Meissen : une élégante figure de Geai picorant sur un arbre modelée par Johann Joachim Kaendler dans les années 1740 (24 000 DM) ou trois plats d’un rare service au décor dit « de Saxe » créé en 1904 par Viogt. Particulièrement prisées des collectionneurs allemands, les céramiques de la manufacture KPM sont caractérisées par la délicatesse et la finesse de leurs formes mais aussi par leurs décors topographiques... Clou de cet ensemble, un vase d’apparat de 1880 en porcelaine bleue et or, orné de deux oculi peints d’une vue du palais de Guillaume Ier et d’un portrait en buste de l’empereur estimé à 55 000 DM.


 Zoé Blumenfeld
20.10.2001