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Marché

Alberto Magnelli, Explosion lyrique no.15, huile sur toile, 119,5 x 90 cm.
Estimation : 90 000 - 120 000 £.


Giorgio Morandi, Nature morte, 1929,
huile sur toile, 34,8 x 45 cm.
Estimation : 300 000 - 500 000 £


Morandi sous le marteau

Fort de son succès de l’an dernier, qui avait vu de beaux prix pour des œuvres de Baj, Manzú ou Guttuso, Christie’s Londres propose une nouvelle «Italian Sale».

Comme il est d’usage fréquent entre les duettistes, la maison londonienne s’est fait voler la primeur par sa rivale Sotheby’s, qui proposait hier une vacation au contenu très similaire. Cette année, chez Christie’s, le choix est particulièrement ample et couvre tout le 20e siècle. Les lots proposés démarrent avec la peinture futuriste (une (Mandoline sur un guéridon de 1918 par Gino Severini, qui renvoie à Picasso et Gris) et la peinture métaphysique de Chirico. On attend beaucoup d’un important Morandi de 1929 (estimation basse à 350 000 £). «C’est l’une des rares natures mortes des années vingt et trente, explique Olivier Camu, directeur du département moderne et impressionniste chez Christie's. A ce stade de sa carrière, Morandi en peint moins d’une trentaine par décennie alors que, dans les années quarante, il en peindra des dizaines par an. Celle-ci est d’une composition très complète et ses couleurs ne sont pas sombres, comme sur les autres natures mortes de la même époque. L’histoire du tableau est fascinante. Il a appartenu à son ami Ardengo Soffici - peintre et critique d’art avec qui il avait exposé à la première Quadriennale de Rome en 1931 – qui l’a conservé jusqu’à sa mort. Il a ensuite été mis en dépôt au musée de Zug.»

On suivra d’encore plus près un autre tableau, l’Explosion lyrique n°15 d’Alberto Magnelli. «Ce tableau avait marqué le record mondial pour l’artiste lors de la vente Bourdon, à plus de 4 millions de francs. Il est aujourd’hui proposé à 90 000 £» Lucio Fontana, qui avait représenté la plus haute enchère à la vente de l’an dernier, est de retour. On trouvera également plusieurs exposants du mouvement de l’Arte Povera, lancé par le critique Germano Celant à la galerie turinoise Sperone en 1966. L’un d’entre eux est Pino Pascali, prématurément disparu en 1968, l’année où il eut droit à une salle personnelle à la Biennale de Venise. «On rencontre assez peu de Pascali en salles des ventes. Et c’est la première fois que je vois une arme de Pascali, de celles qu’il fabriquait avec du plastique et des bouts de bois. C’était en pleine guerre du Vietnam. Cela est resté à tel point d’avant-garde que nous l’avons mis sur notre carton d’invitation. C’était avant les récents événements…»


 Rafael Pic
23.10.2001