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Expositions

Pisanello, La Vierge à l’Enfant avec saint Antoine et saint George, environ 1435-41. Londres, National Gallery.


Pisanello, Portrait de Leonello d'Este,
Bergame, Accademia Carrara


Pisanello, le peintre aux sept tableaux

La National Gallery de Londres célèbre Pisanello, grand peintre de cour (1394-1455) aux œuvres rares.

A quand remonte la dernière exposition sur Pisanello ?
Luke Syson (commissaire d’exposition, National Gallery). La dernière exposition fut celle du Louvre en 1996, mais l’attention était alors plutôt portée sur les dessins de Pisanello. Cette exposition a ensuite voyagé à Vérone.

Qu’est-ce que l’exposition de la National Gallery apporte de nouveau par rapport à la précédente exposition ?
Luke Syson.La raison pour laquelle la National Gallery a voulu organiser cette exposition, c’est que nous possédons 2 des 7 peintures authentifiées de Pisanello : La Vision de saint Eustache et La Vierge à l’Enfant avec saint Antoine et saint Georges. Pour l’exposition, nous avons pu rassembler le Portrait de Leonello d’Este (Bergame) et le Portrait d’une princesse d’Este généreusement prêtés par le Louvre. Les panneaux que nous possédons sont trop fragiles pour pouvoir les déplacer. Nous avons pensé qu’il serait bien d’exposer ces quatre tableaux côte à côte, ainsi que les médailles et des dessins en relation avec ces œuvres.

Y a-t-il toujours des œuvres de Pisanello dont l’authentification est discutée ?
Luke Syson. En ce qui concerne les quatre tableaux exposés, non. Pour ce qui est des dessins, c’est un éternel débat. Pisanello possédait un atelier. La question réelle est : quels sont les dessins de Pisanello et quels sont ceux des membres de l’atelier ? De toutes les façons, toute exposition sur cet artiste pose des questions et engendre des désaccords. Mais que les dessins soient effectués par un membre de l’atelier, ne diminue pas leur intérêt. Ce serait simplement moins frustrant de pouvoir mettre des noms sur les œuvres.

Avez-vous fait des découvertes à l’occasion de cette exposition ?
Luke Syson. D’une certaine manière, on peut dire que oui. Après l’exposition du Louvre, il y a eu beaucoup d’écrits, de publications sur Pisanello. Cela a fait avancer les connaissances sur sa personnalité. Avec cette exposition, nous émettons quelques suggestions. Par exemple, pour un groupe de dessins provenant du Getty et un autre du British Museum, nous sommes convaincus que c’est le même dessinateur de l’atelier de Pisanello, qui a réalisé ces enluminures.

Il y a peu de peintures de Pisanello qui ont survécu, pourquoi ?
Luke Syson. Beaucoup de fresques ont été détruites au début du 16e siècle, notamment celles de Pavie, pendant la bataille de Pavie, d’autres à Rome ont été endommagées par l’humidité. Par ailleurs, dès la fin du 15e siècle, Pisanello était passé de mode, on le trouvait désuet. Cette idée a perduré jusqu’au 19e siècle, l’époque à laquelle il a été redécouvert. L’évocation du peintre, très succincte, par Vasari dans Les vies est tout à fait inadéquate. Vasari a magnifié les artistes florentins au détriment des autres. Enfin, on trouve beaucoup de médailles en raison, bien sûr, de la solidité du matériau.


 Laure Desthieux
24.10.2001