Home > Le Quotidien des Arts > La Villette mélange les genres

Expositions

Bamako, une rue de Bamako l'après-midi
© Catherine de Clippel


La Villette mélange les genres

Les 6e Rencontres de la Villette débutent aujourd'hui pour trois semaines. Au programme, musique, théâtre, danse et expositions, qui prouvent la vitalité des cultures urbaines.

Vous aviez créé à l'origine des Rencontres des cultures urbaines. L'adjectif «urbain» a disparu…
Philippe Mourrat, responsable de la programmation.
En effet, et beaucoup de gens continuent à les appeler ainsi. Nous ne les renions pas ! La présence des cultures urbaines demeure d'ailleurs majoritaire dans la programmation mais elle n'est pas exclusive. Nous avons découvert d'autres aventures qui procèdent de la même démarche de fond, c'est-à-dire une création artistique à l'intérieur d'un territoire ou d'un groupe social donné. L'expression y est souvent difficile et la création est un outil quasi vital pour dire «je» !

Un exemple ?
Philippe Mourrat.
Nous recevons ce soir la compagnie IVT, composée de sourd et muets, avec la comédienne Emmanuelle Laborit. En jouant Pour un oui pour un non de Nathalie Sarraute, où tout est dans la nuance des mots, on perçoit le défi que c'est pour un sourd-muet de s'exprimer. La notion de défi est d'ailleurs un peu au centre de notre programmation. On dit souvent des danseurs de hip hop que ce sont les danseurs du défi : défi contre la pesanteur, contre l'échec social, contre l'échec scolaire. Mais il y a aussi le défi des personnes âgées contre l'âge, le défi d'une création en milieu carcéral, etc. Dans l'urgence de l'expression, il y a toujours quelque chose de vital qui passe.

Dans le domaine des arts plastiques ou numériques, que proposez-vous ?
Philippe Mourrat.
Cette année, nous avons huit expositions. L'une d'entre elles concerne l'association Pulsar, qui a travaillé en centres de détention pour mineurs. Nous présentons une création collective de jeunes détenus, des bas-reliefs faits à partir de moulages de parties du corps, qui sortent de murs. On pense bien sûr à Marcel Aymé mais nous sommes loin de l'anecdote. Autre exposition, celle consacrée à Arnaud Allegaert, qui peint seul dans sa cellule de Melun. Il doit sortir ces jours-ci et j'espère qu'il sera aux Rencontres. Il s'agit d'œuvres très coup de poing sur son ressenti de l'enfermement. Dans le rencart zinc, au centre de la grande halle, nous avons créé un espace graph'multimédia. Avec le grapheur Marco vont y être créées en public des oeuvres entre graphe et calligraphie.

Quel est le budget de la manifestation ?
Philippe Mourrat.
Il est de 8 millions de francs, ce qui comprend la sécurité, l'aspect technique, la production, etc. Trois personnes travaillent toute l'année pour préparer les Rencontres mais l'équipe monte à 80 lorsqu'elles commencent. L'année dernière, nous avons reçu 21000 spectateurs.


 Rafael Pic
24.10.2001