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Expositions

Hugues Sambin, détail de l'armoire
© Musée national de la Renaissance


Hugues Sambin : un provincial à Ecouen

Le musée de la Renaissance réhabilite le menuisier bourguignon resté dans l’ombre des grands ateliers parisiens. Alain Erlande-Brandenburg nous le fait découvrir.

Quelle place occupe cet artiste dans la production artistique du 16e siècle ?
Alain Erlande-Brandenburg.
Jusqu’ici ce menuisier bouguignon a toujours été considéré comme un artiste secondaire. La découverte de documents et la réattribution de mobilier nous ont permis de réévaluer son œuvre. Né à Dijon autour de 1520, Hugues Sambin participe dès 1544 au chantier de Fontainebleau où il apprend le grand art français de l’époque. De nombreuses gravures de sa main, signées H.S. étaient attribuées à Hercule Setti, artiste italien. Aujourd’hui nous découvrons son talent de graveur et de concepteur. D’après ses techniques de mise en œuvre, la perfection des finitions, on peut conclure qu’Hugues Sambin était à la tête d’un atelier de très haut niveau.

En quoi cette exposition apporte-t-elle des éléments nouveaux ?
Alain Erlande-Brandenburg.
Il s’agit d’une exposition-dossier autour de l’armoire d’Hugues Sambin acheté en décembre 2000. A cette occasion, une étude importante à été lancée dans les fonds publics, les archives, les bibliothèques et les musées. Le cabinet de Gauphiot d’Aucier conservé à Besançon, diverses gravures réattribuées et une porte de Dijon participent à cette présentation. Le rôle de concepteur est mis en avant avec de nombreux dessins comme ce projet pour le château de Clausen ou encore pour l’Hôtel Maillard. En dehors des découvertes sur l’artiste, nous souhaitions élargir la présentation à l’habitation au 16e siècle. Les deux armoires ouvertes incitent le visiteur à s’interroger sur la destination de ce mobilier d’époque à la structure massive et pourtant doublé de taffetas.

Décrivez-nous votre récente acquisition.
Alain Erlande-Brandenburg.
Datée de 1580, cette armoire en noyer sur structure de chêne est composée de deux corps rectangulaires superposés. Les deux vantaux inférieur et supérieur présentent une décoration de figures de bronze. Ces camaieux dorés imitant le métal sont de la main de Evrard Bredin. Une attention particulière est portée sur le décor intérieur destiné à recevoir objets précieux, verre et orfèvrerie. Le style reste dans la tradition bourguignonne bien éloignée du raffinement parisien : formes tourmentées, musculature renforcée, des figures marquées et expressives. Cette exposition n’est qu’une étape dans la réabilitation d’un artiste dit secondaire qui attendait cette reconnaissance artistique.


 Stéphanie Magalhaes
24.10.2001