Home > Le Quotidien des Arts > Tournez manèges...

Marché

Tournez manèges...

L’étude Poulain Le Fur organise la première vente d’art forain en dispersant une partie de la collection de Marcel Campion.


Carrousel galopant Belle Epoque,
Maréchal, 1900
Estimation : 4 / 5 millions FF
La magie se cache parfois dans des lieux inattendus. Qui aurait pu imaginer qu’elle pouvait se nicher dans des entrepôts de 15 000m2 derrière la Francilienne à Pontault-Combault ? C’est pourtant là que Marcel Campion conserve sa collection de manèges. Le forain le plus célèbre de France, celui qui dirigea la « prise des Tuileries » pour préserver la tradition des grandes foires parisiennes et qui exploite une dizaine de manèges dont la grande roue de la Concorde, nous a accueilli dans son univers.


Pousse-Pousse ou tape cul,
1895.
Est. : 800 000 / 1 000 000 FF
Marcel Campion a débuté sa collection à 24 ans, motivé par l’idée de retrouver le matériel forain de sa famille, dispersé pendant la guerre. Cette passion obstinée l’a conduit à la tête d’un impressionnant ensemble Belle Epoque dont l’homme ne veut plus s’encombrer. Colère contre le fisc qui le harcèle de ses assiduités et multiplie les contrôles fiscaux. Lassitude après 15 années de vaines réunions ministérielles pour constituer un vrai musée des arts forains. Découragement face à l’entretien permanent que nécessite une telle collection si on veut que les manèges restent « vivants ». Il faut quatre personnes à plein temps pour les garder en état de fonctionnement et les conserver aux normes actuelles de sécurité...

Deauville Auction et Poulain Le Fur dispersent 36 de ces pièces. Toutes transportent à une époque où les sujets étaient taillés dans le bois ou martelés directement dans la tôle, à une époque où Toulouse-Lautrec peignait des panneaux décoratifs de manèges. On y trouve pêle-mêle une vingtaine de sujets mais aussi un kiosque à confiseries appâtant le chaland avec l’évocation des nougats de Montélimar, une grande roue, un orgue limonaire décoré d’automates musiciens, une chenille des années 20, un «pousse-pousse» de 1895 ou un superbe carrousel galopant mené par 24 fringants destriers... En plus des nombreux curieux, cette vente devrait attirer des communes en quête d’attractions pour leur centre-ville, comme le maire de Pontault-Combault intéressé par un carrousel de voitures, des musées européens ou des collectionneurs américains, très friands d’art forain.


 Zoé Blumenfeld
29.11.2001