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Expositions

Mark Lewis Wind Farm, 2001, 35 mm transféré sur DVD, couleur, 4 mn
© Villa Arson


Mark Lewis, le septième art en morceaux

Coup de projecteur sur l'un des plus grands cinéastes conceptuels de notre époque.

Né en 1957 à Hamilton au Canada, Mark Lewis a suivi auprès de Victor Burgin, célèbre artiste de la mouvance de la photographie conceptuelle, une formation artistique à part. Un enseignement basé sur la conception selon laquelle l’image est avant tout un code et un moyen d’expression bien avant d’être une fin en soi ou un médium autonome. Par la suite, il rejoindra « la scène de Vancouver », aux côtés de Jeff Wall ou Ken Lum. Ses premiers travaux photographiques sont de nature documentaire, où sa pratique s’accompagne d’une abondante production théorique, liée aux questions du féminisme et de la psychanalyse. Ses préoccupations sont étroitement liées aux significations de l’art public dans l’espace social. Elles trouvent un second terrain d’expression, depuis le milieu des années 90, à travers un médium unique : le cinéma.

Sous la direction de Laurence Gateau, initiatrice de ce projet d’envergure, la Villa Arson présente pour la première fois une monographie consacrée à cet artiste. Huit œuvres, dont une coproduite par la Villa Arson sont installées sur environ 1200 m2. Huit films pour la plupart de 35 mm et d’une durée comprise entre 4 et 14 minutes, sont transférés sur DVD et présentés sur des écrans en bois et non en toile (pour certains de très grand format). Conçus sur mesure et spécifiquement pour cet espace d’exposition, ces écrans et les sources de projection sont suspendus ou déposés au sol. Le public, contrairement à une salle de cinéma classique, ne sera pas plongé dans l’obscurité, ni assis, il est en mouvement au sein de l’oeuvre. Le visiteur est invité à pénétrer librement les images projetées, à les quitter quand il le désire, à intervenir dans l’œuvre, à porter un regard sur l’image. Parmi ses court- métrages « Sens of the end » (13mn20) illustre la décomposition de la narration et de la structure classique d’un film, ici caractérisée par l’absence de début et de fin. Ou encore cette séquence de « Wind Farm », une scène de 4 mn sur grand écran, se déroule en Californie, intègre des éoliennes est tournée avec un léger décalage temporel, ajouté d’un effet trombinoscope, une sorte de métaphore de la mécanique du film.

Cet artiste, qui ne projette ses réalisations que dans des lieux dévolus à l’art (galeries, musées, expositions), s’interroge sur le cinéma, ses mécanismes et ses principes fondateurs (l’écran, la salle, l’absence de lumière, les sièges…). Mark Lewis revisite l’histoire du cinéma : depuis les frères lumières et Méliès, ses références principales, jusqu’au cinéma actuel. Tel un chirurgien, l'artiste disséque le cinéma.


 Souad Hali
27.10.2001