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Musées

Quel public pour les musées ?

C’est la question complexe à laquelle tente de répondre le colloque qui a commencé hier au Palazzo Vecchio de Florence.

Organisé par Paola Pacetti, fondatrice du musée des Enfants de Florence (Museo dei Ragazzi), Chiara Silla, directrice des musées de Florence, et Bernard Légé, du CNRS, le colloque réunit des intervenants de grandes institutions. Pour Paola Pacetti, on a trop occulté, au cours des deux dernières décennies, le rôle éducatif des musées. Souvent atteints de gigantisme, les musées sont devenus des entreprises commerciales soumises presque exclusivement à des impératifs de fréquentation et de rentabilité. Où sont passées les préoccupations d’Henry Cole, directeur du South Kensington Museum de Londres au siècle dernier, qui clamait fièrement que le musée était un « livre aux pages toujours ouvertes » ? Les décideurs auraient intérêt à abandonner un instant le domaine des données quantitatives pour réfléchir sur la mission du musée.

Au Louvre, explique Frédérique Lasseur, qui dirige le secteur éducatif du musée, on a toujours apporté une grande attention à l’aspect formateur. L’institution est en mesure de proposer un programme complet d’activités. Avec le développement d’internet, deux sites sont accessibles, louvre.fr pour les visiteurs et louvre.edu pour les écoles. Ce dernier a un rôle important à jouer maintenant que les programmes de l’Education Nationale ont entériné l’introduction de la Toile dans les établissements scolaires. Tous les intervenants sont d’accord pour souligner que le musée ne doit pas se substituer à l’école. Il ne doit pas être un endroit où l’on enseigne mais un endroit où l’on est stimulé à apprendre. Selon Jorge Wagensberg, directeur du musée de la Science de Barcelone, les musées scientifiques sont ceux qui ont effectué la révolution la plus spectaculaire dans ce domaine, passant du «Ne pas toucher» à un «Touchez, s’il vous plaît». Cette évolution peut-elle être appliquée aux autres musées ? Sans doute pas mais son succès soulève une question de fond : comment capter de nouveaux publics ? Pour Anne Michèle Ulrich du Centre Pompidou, la formule du laissez-passer apporte une réponse intéressante. Francine Labrosse, du musée canadien de Pointe-à-Callière insiste sur la recherche du «non-public», ce public qui ne vient jamais au musée et qui peut être séduit par des animations historiques et théâtrales. Il en découle un point essentiel, que développe John Reeve, du British Museum : il faut séduire les enfants et se préoccuper toujours plus des attentes des familles.


 Rafael Pic
27.10.2001