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Patrimoine

Espagne : unanimité pour le patrimoine mondial

Un congrès à Grenade, la semaine dernière, a souligné les bénéfices que les sites peuvent retirer de leur inscription sur les listes de l'Unesco.


San Cristóbal de La Laguna
L’Espagne compte 35 sites inscrits sur les listes du patrimoine mondial établies par l’Unesco. Les premiers ont été, en 1984, le parc et le palais Güell à Barcelone, l’Escorial, la cathédrale de Burgos, l’Alhambra et le centre historique de Cordoue. Les plus récents, en 2000, sont le site archéologique d’Atapuerca, la palmeraie d’Elche, les églises romanes de la vallée de Boi en Catalogne, la muraille romaine de Lugo et l’ensemble archéologique de Tarragone.

La conférence organisée à Cordoue a souligné l’intérêt que les édiles attachent au classement par l’Unesco. Aucune critique particulière n’a été émise si ce n’est, en filigrane, l’afflux excessif de touristes qu’il peut provoquer. «Nous militons pour l’élargissement du classement, explique Rafael Pedrajas Pérez, directeur de la fondation Albaicín, créée en 1988. L’Alhambra est aujourd’hui le monument le plus fréquenté d’Espagne, avec 2 millions de visiteurs et l’on doit désormais acheter son billet à l’avance pour y pénétrer. Mais Grenade, c’est davantage que l’Alhambra. L’Albaicín, le quartier maure, abrite encore 10 000 habitants et nous souhaitons qu’il soit intégré dans le périmètre reconnu par l’Unesco : pour sa protection et pour aider à sa revitalisation.»


Palmeraie d'Elche
Pour la ville de San Cristóbal de La Laguna, près de Tenerife, la reconnaissance par l’Unesco a eu un effet salutaire sur le tourisme, comme le résume le maire, Ana María Oramas González-Moro. «La Laguna est la première colonie fondée par les Rois catholiques. Construite sur le dessin d’une rose des vents, elle a servi de modèle aux villes américaines. Les Canaries reçoivent 10 millions de touristes par an mais La Laguna n’en recevait que 18 000 ! Dans les trois mois qui ont suivi la désignation (décembre 1999), nous avons eu 23 000 visiteurs. Mais c’est surtout auprès des habitants que le classement a été important. Les gens se sont rendus compte du patrimoine qu’ils possédaient».

Le classement a notamment pour effet positif de susciter la participation financière du secteur privé aux opérations de restauration, comme le montre le cas de Tarragone. «L’inscription sur les listes de l’Unesco, c’est comme une dénomination d’origine, analyse l’adjoint au patrimoine artistique . Pour Tarragone, qui a été la première colonie romaine dans la péninsule ibérique et la capitale de la province la plus étendue, cela représente 14 monuments auxquels s’en ajoutent trois dans les environs. La loi espagnole de mécénat, qui permet de déduire fiscalement les sommes investies dans les sites du patrimoine mondial, a attiré 100 millions de pesetas (environ 4 millions de francs) du secteur privé.»

Dans l’extrême sud-est de l’Espagne, près de Murcie, Elche est connue pour sa Dame. Dans ce climat aride, les Arabes ont su développer un système d’oasis. «La palmeraie d’Elche est la plus grande d’Europe – elle a mille ans d’âge et compte plus de 200 000 palmiers. Elle a été très menacée aux 19e et au 20e siècles par l’industrialisation et le développement urbain. Désormais, 80% de la surface est propriété de la municipalité. Le classement Unesco a entériné et conforté une protection qui n’a pas été facile à acquérir.» résume Enrique José Pineda Pérez, directeur de l’administration à la mairie.


 Rafael Pic
06.11.2001