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Patrimoine

Vue aérienne de Londres
©BTA


L'architecte des gratte-ciels

Sa disparition est passée inaperçue malgré son actualité : Richard Seifert était un remarquable concepteur de tours.

Richard Seifert commença à pratiquer son métier d'architecte en 1934, après des études à la Bartlett School of Architecture. Ses premières réalisations, avant-guerre, prennent place dans un contexte de spéculation immobilière et d'expansion urbaine. Son obsession du travail, sa présence indéfectible sur les chantiers lui forgent une réputation d'architecte exigeant. De même, sa connaissance des textes juridiques, dans le flou des années 1950 et 1960, lui assure une place de choix auprès des promoteurs et lui permet de totaliser, dès les années 1970, 300 immeubles de bureaux à son actif. Par la suite, profitant de l'essor de l'industrie hotelière et de la privatisation des hôpitaux , il entreprend la construction de nombreux hôtels, à Londres notamment, et de quelques hôpitaux (Princess Grace Hospital). L'architecte apporte également sa contribution au plan de développement de villes telles que Liverpool, Manchester et Birmingham.

Spécialiste des gratte-ciels, Richard Seifert est avant tout l'architecte de la National Westminster Tower et de la Centre Point Tower, deux édifices qui dominent le paysage londonien. Par sa démesure, le Centre Point focalise toutes les critiques émises à l'encontre de son architecture : construite à la fin des années 60 et longtemps restée vide, elle symbolisait le boom spéculatif et toutes ses dérives. Néanmoins, le Centre Point demeure, d'un point de vue structurel, une prouesse technique. Seifert réussit avec cette réalisation, l'édifice préfabriqué le plus haut jamais construit. Les différents éléments composant la structure, plafonds et cloisons, furent fabriqués dans une usine de Portland puis assemblés sur place à l'aide de grues. Une autre de ses innovations techniques est l'utilisation de ciment blanc dans le béton précontraint, qui donne à la construction l'aspect du marbre. En 1980, Seifert aurait dû voir enfin exaucé son rêve de réaliser la plus haute tour jamais construite : en forme de diamant, elle devait compter 139 étages pour quelque 550 mètres. Le projet sera finalement abandonné et l'architecte n'édifiera pas sa Tour de Babel. Un échec dont il se serait peut-être satisfait dans la conjoncture actuelle…


 Raphaëlle Stopin
03.11.2001