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Politique culturelle

Photo: Luca Campigotto

Venise : la Biennale fait le plein

La manifestation dirigée par Harald Szeeman a fermé dimanche dernier. Elle présente un bilan flatteur en termes de fréquentation.

La Biennale, manifestation élitiste ? En se fiant aux chiffres communiqués par les organisateurs, on se rapprocherait plutôt des scores de la Foire du Trône… Si l'objectif était de réussir une 49e édition populaire, les résultats sont convaincants. Plus de 240000 billets ont été vendus, ce qui représente une moyenne quotidienne de plus de 1900 visiteurs, 24% de plus par rapport à la précédente Biennale. Les jeunes de moins de 26 ans ont constitué près de la moitié du total tandis que les mondanités du vernissage - étalées sur 4 jours - ont attiré 30000 personnes. Les expositions ouvertes à Venise en dehors du site la Biennale ont bénéficié d'un indubitable effet d'entraînement, drainant 400000 personnes.

Du côté de la participation, on aligne aussi les records : 63 pays - un chiffre jamais atteint - sur 14800 m2 - le plus grand espace jamais mis à disposition, pour exposer 130 artistes. Les journalistes ont donné leur écot aux grandioses statistiques puisqu'ils ont été 4766 en provenance de 55 pays. Biennale ou Coupe du Monde ? Le doute est permis lorsque l'on examine le trafic sur le site maison : 10 millions de pages vues tandis que l'on publiait sur internet la bagatelle de 5500 articles. Bref, la Biennale est devenue une petite industrie, florissante.

Si les objectifs ne sont pas forcément de se mesurer à Kassel, qui attire tous les 5 ans plus de 600000 visiteurs, quels sont-ils ? «Conserver notre autonomie par rapport au pouvoir politique» a déclaré le président Paolo Baratta. Une allusion aux critiques gouvernementales, dont les plus virulentes sont venues de l'inévitable Vittorio Sgarbi, secrétaire d'Etat à la Culture. Et poursuivre dans le même direction : gestion efficace, ouverture sur le monde et décryptage des nouvelles tendances «comme le vieux Sioux qui colle l'oreille au sol pour entendre ce qui vient de loin». L'avenir de Harald Szeeman, qui a dirigé deux Biennales successives ? «M. Sgarbi a mon adresse. Il peut m'écrire s'il souhaite que j'en dirige une autre» a-t-il déclaré sur un ton amusé, signalant par ailleurs qu'il travaillait sur un projet concernant les Balkans, intitulé «Sang et miel».


 Rafael Pic
06.11.2001