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Si la pagode m'était contée...

Un curieux monument parisien, conçu en 1926 par le marchand d'antiquités chinoises, Ching-Tsai Loo, nous livre ses secrets.


La pagode © Galerie C.T. Loo
La 4e édition de l’Automne asiatique coïncidant avec les 75 ans de la galerie C.T. Loo, plus connue sous le nom de la Pagode, l’occasion était idéale pour rendre hommage à Ching-Tsai Loo, son fondateur. Ce Chinois originaire de la province méridionale du Zhejiang avait tout juste vingt ans quand il arriva à Paris pour y poursuivre ses études. Deux ans plus tard, en 1902, il fondait sa première société consacrée au commerce d’antiquités chinoises. En 1926, il s’installait dans un ancien hôtel particulier haussmannien sur la plaine Monceau et lui faisait adjoindre deux étages ayant l’aspect d’une maison traditionnelle chinoise... La Pagode était née.


Paire de brûle-parfums,
émaux cloisonnés, Chine,
dynastie des Qing, 18e siècle,
socles en hongmu,
19e siècle, 1,5 millions FF
C’est dans ce lieu chargé d’histoire que son petit-fils, Michel Cardosi, présente aujourd’hui une double exposition. Au rez-de-chaussée, des antiquités chinoises allant du 2e siècle av. J.C. au 18e siècle sont réunies parmi les photographies témoignant des dons faits par C.T. Loo au musée Guimet (Trois matrka d’époque Cola ou le Relief du sanctuaire à étages de l’école d’Amaravati). En plus d’une stèle funéraire Han gravée de porteurs d’offrandes, de mingqi de Chevaux célestes Tang, on trouve un superbe Bodhisattva en bois de la dynastie Jin, daté de 1184 et signé par le sculpteur Likuo (3,6 millions FF) ou deux brûle-parfums en émail cloisonné du 18e. siècle (1,5 millions FF). Cette paire, comparable à celle conservée au British Museum, est exceptionnelle par sa taille monumentale (91 cm de hauteur) et par ses pieds formés de grues au cou infléchi.

À l’étage, un ensemble de meubles chinois et japonais du 19e siècle est présenté dans un superbe décor lambrissé de panneaux de paravents Ming rouges et noirs. On retrouve là des étagères, des boîtes ou des tables, une belle paire d’armoires chinoises laquées noir (120 000 FF), un porte-kimono japonais au décor incrusté (45 000 FF) et un canapé Kang en bois dur décoré de fines incrustations florales en nacre et de pierres de rêve (75 000 FF)...


 Zoé Blumenfeld
13.11.2001