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Patrimoine

© English Heritage, photo Alan Lockyer


© English Heritage, photo Alan Lockyer


Angleterre : une mosaïque sous le bulldozer

A l'occasion de travaux de terrassement, une superbe mosaïque d'époque romaine a été mise au jour dans le Somerset.

Comment avez-vous mis au jour cette mosaïque ?
David Miles, directeur de l'archéologie à l'English Heritage.
Elle a été découverte à Lopen, près d'Ilminster, à 90 kilomètres environ au sud-ouest de Cirencester, qui était la seconde plus grande ville romaine d'Angleterre et qui était spécialisée dans la production de mosaïques. C'est à l'occasion de travaux de déblaiement pour construire une route, dans une propriété privée, que le conducteur du bulldozer, George Caton, a aperçu les petits cubes de pierre. Il a immédiatement arrêté sa machine et a fait prévenir les archéologues locaux. Le City Council nous a prévenus et, dans les 24 heures, nous avons dépêché sur place une équipe de spécialistes.

Quelles sont les caractéristiques de la mosaïque ?
David Miles, directeur de l'archéologie à l'English Heritage.
Il s'agit sans nul doute de la plus belle mosaïque romaine découverte en Grande-Bretagne dans les trois ou quatre dernières décennies. Nous la datons autour de 360 après J.-C. Elle recouvre un espace de 10 mètres sur 6, auquel il faut ajouter un second morceau, placé dans ce qui était un couloir, de 3 mètres sur 10. Elle symbolise la fertilité et l'abondance : on voit des feuilles de vigne, des coupes à vin, des animaux comme les dauphins. Elle est constituée de tesselles de calcaire blanc et bleu et de céramique rouge.

A qui appartient légalement la mosaïque et que va t-elle devenir ?
David Miles, directeur de l'archéologie à l'English Heritage.
Elle appartient au propriétaire du terrain, qui s'est d'ailleurs montré très coopératif. Il a interrompu tous les travaux. Actuellement, le Geophysical Survey mène une étude pour déterminer la planimétrie exacte de ce qui est une magnifique villa romaine. Nous disposerons des résultats la semaine prochaine. Nous étudierons ensuite la meilleure façon de la protéger et de la montrer, ou non, au public. Nous pourrions bien sûr être amenés à payer une compensation au propriétaire mais nous nous acheminons plutôt vers un arrangement : la route pourrait être déplacée et la mosaïque laissée sur place. C'est la solution que nous privilégions, plutôt que son déplacement vers un musée.


 Rafael Pic
09.11.2001