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Expositions

Henri Michaux Sans titre,
1945, donation Daniel Cordier
à l'Etat en 1976 © Les Abattoirs

Derrière la Plume... les frottages

Les Abattoirs de Toulouse donnent la parole aux frottages d’Henri Michaux : 65 œuvres qui illustrent l’univers graphique de l’artiste.



« Dessinez sans intention particulière, griffonnez machinalement, il apparaît presque toujours sur le papier des visages. » ( En pensant au phénomène de la peinture)

La technique du frottage utilisée par Henri Michaux de 1945 à 1947, doit son origine aux recherches de Max Ernst et à son ouvrage Histoires naturelles de 1925. La méthode consiste à placer une matière comme de l’écorce, de la ficelle ou encore du tissu sous une feuille de papier, ensuite frottée au crayon Conté. Les frottages font apparaître des traces transparentes comme autant de « fantômes fidèles » selon Henri Michaux. Si l’artiste a entretenu des rapports privilégiés avec l’écrivain Supervielle, il n’est pas attiré par les concepts surréalistes. La recherche graphique va de pair avec ses écrits. Ne retrouve-t-on pas dans ses frottages sa quête permanente des mécanismes qui font l’individu ? Les deux pratiques se complètent, l’une compensant les lacunes de l’autre en explorant toutes deux « l’espace du dedans » et le « lointain intérieur ».

Les frottages ne semblaient pas jusqu’à aujourd’hui occuper une place majeure dans l’œuvre de l’artiste. La principale exposition consacrée aux frottages remonte à mai 1946 : Henri Michaux, dessins à la galerie Rive Gauche à Paris. Cette même année, il publie sept de ces travaux dans Apparition. La grande présentation des travaux de l’artiste à la BNF en 1999 n’a offert que peu de réflexion sur la technique du frottage.

Dès 1945, les recherches graphiques de Michaux font paraître, par le hasard des gestes et l’errance du crayon sur le papier, des visages humains qui hantent l’univers de l’artiste. Ses écrits dans La vie dans les plis font référence à ce besoin d’atteindre les limites de l’individu. On pourrait comparer ces expériences graphiques avec les « meidosems » (dessins ou signes), œuvres réalisées lors d’hallucinations causées par la prise de drogue : la mescaline. Attaché à sa propre singularité, Michaux compose une œuvre personnelle dans laquelle tout se fait et se défait.


 Stéphanie Magalhaes
13.11.2001