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Patrimoine

Des limiers anglais sur les traces du Goya volé

La Balançoire, l'un des 14 tableaux volés le 8 août au domicile madrilène d'Esther Koplowitz, devient l'oeuvre d'art la plus recherchée au monde.


Goya, La Balançoire,
huile sur toile
Le 8 août, le domicile madrilène d'Esther Koplowitz, actionnaire majoritaire de Fomento de Construcciones y Contratas, la première entreprise espagnole de travaux publics, était dévalisé. Le butin ? Quatorze toiles de maîtres, dont deux Goya, un Bruegel, un Sorolla, un Pissarro, un Juan Gris... La description des oeuvres dérobées, qui n'étaient pas assurées et qui ont été estimées à près de 500 millions de francs, a été communiquée à Interpol. La police espagnole n'exclut pas qu'elles aient pu passer la frontière française.

On apprend aujourd'hui que deux des tableaux volés sont en réalité la propriété de l'ancien mari d'Esther Koplowitz, Alberto Alcocer, président du Banco Zaragozano, et qu'ils sont assurés. Il s'agit d'un Foujita (Enfant au chapeau) et d'un célèbre Goya, La balançoire. Le cabinet londonien Tyler and Co, expert en sinistres, a été chargé dès le 9 août de mener l'enquête. Nous avons joint son directeur, Mark Dalrymple. « Contrairement a ce qui a été avancé par la presse, il est peu probable que le vol ait été commandité par un milliardaire japonais ou américain. Cette hypothèse, qui ajouterait du piment à l'affaire, est contredite par l'expérience. Ce genre de vol est plutôt le fait de cambrioleurs qui, tout en sachant que ces oeuvres sont précieuses, n'en connaissent pas la valeur exacte. Et qui, surtout, ne savent pas qu'il est impossible de les revendre sur le marché. »

Le Goya à lui seul est évalué à plus de 100 millions de francs et est considéré comme un pan du patrimoine espagnol. Quel pourrait être son avenir ? « Dès la mi-septembre, tous les professionnels seront au courant du vol et des avis de recherche seront publiés par voie de presse. Dans des cas similaires, il arrive que les tableaux volés soient cédés à d'autres criminels, qui s'en servent de contrepartie dans des trafics d'armes ou de drogues. Les oeuvres peuvent alors rester très longtemps cachées. » L'expert expose le cas d'un tableau de Jean-Baptiste Oudry, dérobé en 1992 dans la collection d'un marquis anglais, évalué à 100 millions de francs, et toujours manquant. « On peut aussi citer les deux Turner, appartenant à la Tate Gallery et volés lors d'une exposition à Dusseldorf en 1994, dont la valeur d'ensemble est estimée à près de 250 millions de francs. Mais il arrive que les résultats soient rapides. Il y a 4 ans, nous avons retrouvé en 3 semaines un Picasso volé dans une collection anglaise. » L'assureur a promis une récompense de 400 000 dollars à toute personne communiquant des informations permettant de retrouver les deux tableaux...


 Rafael Pic
17.08.2001