Ali Baba au pays de la laque

Comme son père avant elle, Nicole Judet Brugier a la passion de la laque. Voilà 10 ans qu'elle a repris le flambeau familial et qu'elle dirige les Ateliers Brugier, spécialisés depuis 1920 dans la restauration des laques de Chine, du Japon ou d’Europe. C’est dans le charmant désordre de ses locaux installés au fond d’une cour donnant sur la rue de Sèvres, entre bureaux administratifs et ateliers de restauration, qu’elle présente cette année une exposition consacrée aux meubles chinois. Mais ici, pas moyen de savoir combien d’œuvres sont proposées. Pas moyen non plus de faire abstraction de toutes les autres merveilles accumulées au fil des années...

Paravents, armoires, boîtes, plateaux, fonds de trônes créés en Chine ou Japon entre le 16e et le 19e siècle se côtoient. Ici, un superbe coffre Ming au décor de rochers et de fleurs en nacre incrustée (120 000 FF) assez proche du dessus de table conservé au musée Guimet de Nice, là un adorable paravent japonais du 19e siècle utilisant plusieurs techniques (soie peinte, laque aux incrustations polychromes, laque gravée, laque burgottée c'est-à-dire pailletée de nacre...), là encore une série d’armoires chinoises mesurant entre 32 cm et 268 cm ou un exceptionnel paravent chinois de 12 feuilles daté de 1692... Et c’est encore sans compter les panneaux abîmés ou dépareillés en attente d’une renaissance. Car des artistes contemporains collaborent avec les Ateliers Brugier, réalisant le design de tables, de bureaux, de consoles ou de cabinets qui seront plaqués de panneaux anciens. En sont témoin deux jardinières dessinées par Louis Cane utilisant des panneaux de laque rouge du 18e siècle (50 000 FF).