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Marché

Le Caire des photographes

En vedette de la vente de Beaussant-Lefèvre, des tirages mammouth pour un poids lourd de la photographie, Francis Frith.


Francis Frith, The Rameseum
of El-Kurneh, Thebes, First view

Estimation : 12 200 / 15 250 €
Le britannique Francis Frith (1822-1898) est sans doute l’un des photographes les plus célèbres pour son travail au Proche-Orient. Non pas qu’il soit le premier. Dans le sillage des campagnes napoléoniennes et de l’expédition de Champollion, l’Egypte et le Levant sont devenus des lieux de séjour prisés par les pionniers de la photographie qui, comme le peintre Horace Vernet, étaient avides d’en fixer les curiosités archéologiques et ethnographiques. Si Francis Frith est aujourd’hui célèbre, il le doit sans doute à son approche systématique et au succès commercial que connurent les vues qu’il distribuait sous la forme de livres et de portfolios, en séries ou à l’unité.

La maison Beaussant-Lefèvre disperse aujourd’hui 80 photographies égyptiennes du 19e siècle dont la plupart proviennent d'une collection constituée au Caire il y a une cinquantaine d’années. Francis Frith y est représenté par une vingtaine d’épreuves albuminées de grand format réalisées d’après des négatifs verre au collodion. Un rassemblement exceptionnel pour une vente française comme l’explique l’expert Pierre Marc Richard : «Des œuvres de Frith, on en voit en Grande-Bretagne mais un ensemble de tirages de cette dimension et dans un état de conservation presque neuf, c’est la première fois que je vois ça à Paris en 20 ans de carrière». Prises au cours des voyages de 1856 et 1857, ces photographies sont en effet à la hauteur de la réputation de l’artiste. Les vues topographiques sont à la fois larges et détaillées, comme Le Caire depuis la Citadelle (3 050 €). Quant aux monuments, ils sont saisis sous tous les angles, auprès de détails pittoresques qui leur rendent leur échelle comme un bédouin et son chameau devant les ruines du Rameseum d’El Kurneh (12 200 €) ).


Francis Frith, Cairo from the Citadel,
Second View

Estimation : 2 290 / 3 050 €
À côté des œuvres du maître britannique figurent celles de photographes tout aussi fascinés par l’Orient comme les vues de temples prises par Maxime Du Camp (1822-1894) dont le voyage est passé à la postérité pour avoir été consigné par son illustre compagnon de route, Flaubert (1 520 € chacune). Mais une vente de photographies anciennes ne serait pas complète sans la star des enchères de l’année 2001, Gustave Le Gray, dont Le Hêtre a atteint 1,2 millions FF lors d'une vente Millon & Associés, le 3 décembre dernier, a fortiori à près d’un mois de l’ouverture de la rétrospective que lui consacre la BnF. Pourtant si le photographe est mort au Caire en 1884, les vues proposées ici détonnent singulièrement dans cette vente homogène puisqu’elles appartiennent aux séries des façades parisiennes et des voiliers de Sète…


 Zoé Blumenfeld
25.01.2002