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Expositions

Philippe Cognée, Autoportrait,
2001 © Design : The Duke, 2001

Philippe Cognée à la table de repassage

Le musée de l’Abbaye Sainte-Croix accueille les œuvres récentes de l’artiste nantais.

Comment qualifieriez-vous l’œuvre de l’artiste ?
Benoît Decron, commissaire de l'exposition.
Nous suivons le travail de Philippe Cognée depuis un certain nombre d’années. On peut aujourd’hui le considérer comme un passeur entre un art contemporain pur et dur et un art classique révolu. Si ses sujets sont tirés de l’actualité, sa technique agit comme une marque de fabrique. Cognée n’hésite pas à mélanger pigments picturaux et encaustiques, dans l’esprit de la peinture italienne, avant de placer un film plastique sur l’ensemble et de faire fusionner les différents éléments au moyen d’un fer à repasser. La peinture ainsi emprisonnée sous une couche brillante donne un aspect glacé caractéristique de la production de l’artiste.

Comment avez-vous sélectionné les œuvres exposées ?
Benoît Decron.
Contrairement aux précédentes expositions des œuvres de Cognée, nous avons choisi de ne pas mettre en avant une série en particulier. Le mélange de travaux récents et modernes, l’association entre les Foules, les portraits, les vues d’intérieurs et les vues d’architectures donnent au visiteur une vision cohérente du parcours de l’artiste à travers une trentaine de toiles de tous formats. La présentation se divise en deux espaces : les peintures dans la salle d’expositions temporaires et les dessins dans les combles. Les œuvres proviennent pour la plupart des collections du FRAC Franche-Comté, du Fonds d’art contemporain de Seine-et-Marne, de collectionneurs privés et de galeries. Nous avons même été chercher des pièces en Suisse pour compléter la présentation. Le catalogue fait office de première monographie sur l’œuvre de l’artiste. On y découvre ses rapports avec la littérature et la photographie.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’importance de la photographie dans son œuvre ?
Benoît Decron.
Les préoccupations de l’artiste face au médium le rapprochent des origines de la photographie. Les cadrages de son premier Autoportrait tête d’autruche (2001) annoncent déjà ses expériences de vues en plongée ou contre-plongée. La photographie joue le rôle d’auxiliaire, lui permettant de saisir des images à la volée. Images évanescentes qui deviennent le support de souvenirs comme ses dessins américains tirés de clichés pris à la caméra vidéo… Le travail sur photographie n’est pas nouveau. Si Gasiorowski, Richter ou Richard Hamilton peuvent être comparés à Philippe Cognée, l’œuvre du Nantais, aujourd’hui reconnu au plan international, conserve une personnalité indéniable.


 Stéphanie Magalhaes
19.11.2001