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Expositions

Portrait par Derain.
© Salon des artistes français.

Balbultiements d'un renouveau

Clôture du Salon de la Société des Artistes Français : 338 ans d'âge, et encore des projets !

Hier, le Salon a refermé ses portes. Une fois encore. Il est vrai que cela fait plus de trois siècles que cela dure, puisque le Salon de la Société des Artistes Français est le premier salon occidental, décidé au sein de l'Académie Royale en 1663, sur le désir de Louis XIV, Roi de France. Que reste-t-il aujourd'hui de cette ambitieuse entreprise, initialement réservée aux membres de l'Académie, au sein de laquelle l'écrivain Diderot inventa la notion de critique d'art, et qui vit Chardin, Delacroix, Manet ou Degas présenter leurs toiles avec une incroyable humilité ? Mille artistes de tout poil, essentiellement à prétentions figuratives classiques, représentés chacun par une ou deux de leurs peintures, sculptures ou photographies ! Soit un ensemble disparate, au sein duquel domine un esprit apparenté à celui des années trente, en Europe. Pour le reste, quelques découvertes sont possibles ; ainsi l'œuvre de Tomi, digne héritier de Dubuffet et Jorn réunis, ou celui de Takakuwa, dont la féerie rappelle l'univers de Nolde. Rien de très spectaculaire, mais beaucoup d'artistes dont le solide métier génère de populaires natures mortes et d'indémodables nus féminins.

«Laissez-nous vivre…» s'exclame Christian Billet, peintre des armées françaises et dynamique président du Salon, depuis deux ans. "On n'est pas là pour gagner du fric. Notre Salon est un marche-pied. Il a toujours été le seul moyen de se montrer, pour la majorité des artistes : ceux qui n'ont pas le culot de se présenter dans les galeries de la rue de Seine, avec leur press-book sous le bras. Avoir une médaille au Salon des Artistes Français demeure, en province, une réelle reconnaissance". Sous la férule de Christian Billet, et sous la pression du ministère de la culture, qui menace de supprimer sa subvention, le Salon vient d'entreprendre un vaste dépoussiérage. Ayant invité cette année une bonne sélection d'artistes hongrois, et présenté une exposition Derain - notamment d'exceptionnels petits bronzes - dans le hall d'accueil, il semble effectivement ressusciter quelque peu. «Se défoncer la paillasse pour créer l'événement, nous en sommes capables», estime le président. En 2002, le Salon devrait rendre un vaste hommage à l'Afrique. A suivre, donc.


 Françoise Monnin
14.11.2001