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Expositions

Traits de caractère selon Arroyo

La galerie Louis Carré rend hommage à Stefan Zweig avec une galerie de portraits dessinés par Eduardo Arroyo.


Eduardo Arroyo, James Joyce,
1990 © Galerie Louis Carré & Cie
Derrière les 42 dessins présentés, l'exposition met en perspective le contenu d’une œuvre, celle de l’autrichien Stefan Zweig à travers le regard d'Arroyo. À l’occasion de l’anniversaire de la naissance de l’écrivain, Eduardo Arroyo réunit les figures clés de son œuvre. Le roi du contour se révèle être un véritable psychologue du trait. Chaque figure bénéficie d’un traitement pictural personnalisé en accord avec la personnalité même du sujet. L’artiste tire ainsi le portrait d’artistes, d’écrivains, de personnages historiques et de musiciens cités ou analysés par Sweig. Il semble qu’aucune grandes figures de notre histoire n’ait échappé à sa plume. Toujours sur support graphique, souvent linéaire, parfois cubiste et plus rarement expressionniste, le style d’Arroyo se décline sur les murs de la galerie.


Eduardo Arroyo, Zweig, 1994
© galerie Louis carré & Cie
Traduits par Zweig, Verlaine et Baudelaire participent à cette exposition. L’auteur des Poèmes saturniens est reconnaissable par les pochoirs, figurant des étiquettes d’eau-de-vie, qui recouvrent son visage. C’est le Baudelaire aphasique de la fin de sa vie qui ressort dans le portrait de l’écrivain sans bouche. Le style cubiste employé pour le traitement de James Joyce n’est pas sans évoquer son rôle d'expérimentateur de nouvelles formes dans la littérature moderne. Le regard de Fedor Dostoïevski nous livre les souffrances de l’écrivain russe tandis que le profil de Shakespeare repose sur un fond de couleurs primaires. Les deux portraits de Fouché, ministre de la police jusqu’en 1810 pourraient bien illustrés la biographie écrite par Sweig. De même que les portraits de Mary Stuart ou Mary-Antoinette figureraient alors dans les récits de vie respectifs.


Eduardo Arroyo, Magallan, 1998
© Galerie Louis Carré & Cie
Parmi ces portraits, des visions plus ironiques de certains personnages. Le Bonaparte au pont d’Arcole de David serait outré de constater l’interprétation qu’en a faite l’artiste espagnol. De même Christophe Colomb et sa découverte de l’Amérique se retrouvent dans la peau d’une souris célèbre : Mickey. François Joseph, empereur d’Autriche et mari de Sissi se démarque par l’emploi de la couleur rouge et de contours irréguliers. Citons enfin, l’unique sculpture de Marie-Antoinette où le fragment de corniche est censé représenter la chevelure blanche de la reine. Une exposition idéale pour les férus d'histoire et de littérature...


 Stéphanie Magalhaes
19.11.2001