Home > Le Quotidien des Arts > Gisèle Freund : au pays des arts et des lettres

Marché

Gisèle Freund
James Joyce
Photographie couleur
Tirage 1952
20,5 x 30,5 cm
© DR

Gisèle Freund : au pays des arts et des lettres

La Galerie présente une rétrospective des portraits de Gisèle Freund. Panorama des grandes figures du siècle passé.

Née en 1908 à Berlin, Gisèle Freund arrive à Paris en 1933, après avoir fui l'Allemagne nazie. Elle poursuit ses études de sociologie à la Sorbonne et écrit une thèse sur La photographie en France au XIXe siècle, offrant la première étude historique sur le sujet. Parallèlement, elle commence à photographier pour le compte des magazines d'actualité illustrés, florissants dans les années trente, tels que «Life» ou «Paris-Match». L'historienne de la photographie se fait alors praticienne et cette dernière activité va progressivement prendre le pas sur sa vocation première, qu'elle délaisse, pour la reprendre dans les années 1970. En 1935, Gisèle Freund fait une rencontre déterminante, celle d'Adrienne Monnier, directrice de la librairie «Les amis du livre». Par son intermédiaire, elle rencontre Colette, Jean-Paul Sartre, André Gide, André Malraux mais également James Joyce, George Bernard Shaw, Virginia Woolf, Stefan Zweig, Saint-John Perse, etc. La Seconde Guerre mondiale la conduit à s'exiler à nouveau. Elle part pour l'Argentine et fournit jusqu'en 1946 de nombreux reportages sur l'Amérique du Sud. De 1948 à 1954, elle voyage sur le continent américain et photographie pour le compte de l'agence Magnum. Ce goût du voyage ne la quittera jamais et dans les années 70, elle explorera le Proche et l'Extrême-Orient. Ces années seront également celles de son retour à l'écriture, avec la publication de deux essais, Le Monde et ma caméra et Photographie et Société.

Plus d'une centaine de photographies sont présentées dans cette exposition. La plupart sont des portraits de personnalités du monde littéraire ou artistique, célèbres pour leur réalisme, souvent en couleur, procédé pour lequel elle fait figure de pionnière. Les écrivains sont saisis par un regard que l'on sent amical, empreint d'empathie. Gisèle Freund connaissait les écrivains et leurs œuvres, elle savait comment convaincre tel ou tel de se laisser prendre, fixer par son objectif. Elle a su persuader James Joyce, modèle rare et difficile, de poser pour elle, par le biais d'une lettre qu'elle signa, ingénieusement, de son nom de jeune fille, qui était aussi celui d'une de ses héroïnes. Le portrait était parfois le fruit d'une composition très élaborée et réfléchie, ce qui est encore le cas pour Joyce, lequel avait une idée très précise de l'image qu'il désirait. Il pouvait aussi résulter d'une démarche plus spontanée, où seule la photographe choisissait l'instant qu'elle jugeait propice, celui où le modèle, s'abandonne et se dévoile.

Les photographies présentées dans cette exposition, pour la plupart des tirages modernes des années 60-70, proviennent toutes d'une seule collection privée. Celle-ci sera mise aux enchères par la société Collecties.com, site internet consacré à la vente d'objets d'art, dans les locaux mêmes de la galerie, ce samedi 17 novembre sous le ministère de Pierre Cornette de Saint-Cyr. Les enchères se feront sur place mais également sur le site grâce à une retransmission en direct de la vente.


 Raphaëlle Stopin
17.11.2001