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Des bronzes et des bonzes

A la galerie Slim Bouchoucha, gros plan sur un ensemble de sculptures tibétaines du 14e au 18e siècle.


Lama, Tibet, 15e siècle,
bronze doré au mercure,
visage doré à l’or froid, 13,5 cm
Pour sa première participation à l’Automne Asiatique, la galerie Slim Bouchoucha a choisi de se consacrer à l’une de ses spécialités depuis les années 70... les objets rituels en bronze tibétains. Deux principaux types de pièces se côtoient : les figures de dévotion dans lesquelles des rouleaux de prières, des reliques ou des pierres précieuses étaient pieusement conservées et des éléments de décoration intérieure des temples. Les premières représentent des moines célèbres et des divinités lamaïstes paisibles ou courroucées. Quant aux secondes, on peut signaler une très belle Plaque du monastère de den Satil ornée de quatre déesses danseuses (550 000 FF) ou deux mandorles faisant office de fond pour une statuette de divinité. L’une porte une iconographie rare, des couples de divinités représentées en yab-yum, c’est-à-dire en copulation rituelle. L’autre est richement décorée de figures du panthéon bouddhiste : Garuda, le messager des dieux, des apsara, les anges féminins, des bouddhas et des bodhisattva...


Plaque du monastère
de Den Satil
, Tibet,
15e siècle, bronze doré
au mercure incrusté de
turquoises et de coraux,
34 x 31 cm
Mais cette cinquantaine de pièces illustre également les différentes techniques utilisées dans les régions himalayennes. Si les bronzes coulés à la cire perdue sont les plus fréquents, le travail du métal repoussé est également illustré par un intéressant Moine tenant un lion des neiges du début du 17e siècle (160 000 FF). De la même manière, plusieurs méthodes de dorure se côtoient. Aux côtés de la dorure à la feuille ou à l’or froid, la dorure au mercure, dont la conservation est étonnement bonne, fait figure de reine au Tibet. Trois petites pièces chinoises, deux fibules Han et un lion ailé du 6e siècle, sont là pour nous rappeler que cette technique se répandit sans doute sous l’influence de la Chine. Au Népal, les apports indiens jouèrent plutôt en faveur de la dorure à la feuille comme le montre un très beau Collier de Kumari en cuivre doré décoré d’un registre de divinités.


 Zoé Blumenfeld
19.11.2001