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Politique culturelle

L’art contemporain a du tonus

Le congrès des professionnels de l’art contemporain, qui s’est tenu à Nantes la semaine dernière, à donné lieu à des débats enlevés.

Oh, le bon moment ! Jeudi et vendredi dernier, au Palais de Nantes, l’art était bel et bien vivant pour les 1 400 congressistes réunis. Pour sa troisième édition, le CIPAC s’est - enfin - ouvert aux plasticiens et y a gagné en vitalité. Certes, les artistes reconnus, comme Fabrice Hybert, invités sur la scène des débats, avaient globalement peu à dire, mais il en est allé tout autrement dans la salle, où, du syndicat national des sculpteurs au syndicat CGT des artistes plasticiens (en passant par des groupuscules sympathiques comme «Face-à-l’art»), les prises de paroles sont allées bon train. Beaucoup de plaisir, donc, à suivre les échanges provoqués par les thèmes des différentes tables rondes, à savoir
«des artistes et des professions», «nouvelles pratiques, nouvelles économies de l’art», «quelle économie pour l’art», «l’activité artistique comme source de droit», «l’artiste enseignant, l’artiste médiateur en question», «point de vue international», «de l’artiste à l’élu» et «quelle politique pour les arts plastiques» !

Parmi les temps forts et les leit-motivs, signalons d’abord la remise en cause par les représentants du ministère de la Culture du récent rapport Quemin, commandé par le ministère des affaires étrangères : un rapport se désolant du manque de représentation de l’art contemporain français à l’étranger. Autre fil rouge de ces deux jours : l’évolution de la notion d’exposition et plus généralement de celle d’œuvre ! Commissaires et artistes officiels n’ont eu que le mot «production» à la bouche pour désigner leurs activités, curieusement, furieusement, communes. Il a beaucoup été question d’événement et d’éphémère, et aussi du statut de l’artiste qui devrait être celui d’un chercheur.

Quelques personnalités à suivre se sont dégagées de l’ensemble : l’artiste
Antoine Perrot, par exemple, président de la toute jeune FRAP (Fédération des Réseaux des Artistes Plasticiens), a exigé «dialogue, transparence,
collégialité et recentrage des missions. Il faut remettre à plat les
structures qui étranglent le monde de l’art
». Le jeune commissaire
d’expositions indépendant Pierre Leguillon, après avoir fustigé
l’organisation du Centre Pompidou, a déclaré «être critique c’est être même pas artiste mais ce que j’espère c’est que les artistes vont avoir des
positions de plus en plus critiques
». Philippe Mairesse, enseignant de
l’université Paris VIII, a quant à lui milité en faveur de la disparition du droit d’auteur : «L’artiste est l’augmentateur d’un bien collectif». Ceux qui sont venus à Nantes chercher des réponses ont été déçus. Pour ceux qui aiment les questions, le CIPAC a constitué un véritable paradis.


 Françoise Monnin
19.11.2001