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Marché

Eugène DELACROIX, Soldat oriental et pur-sang, 1825
Huile sur toile signée en bas à droite, 37 x 47 cm
Estimation : 5.000.000/7.000.000 F

Un cheval si romantique

L’étude Gros, Delettrez présente un tableau de Delacroix de 1825, intitulé Soldat oriental et pur-sang (de 5 à 7 millions de francs).

Cette scène orientaliste est aussi un petit motif philosophique. Elle représente un cheval arabe courbant l’échine et se ruant nerveusement pour se détacher d’un piquet. Une selle est posée sur le sol au premier plan. Sur la gauche, un gardien impavide est placé pour nous montrer le caractère précieux de l’animal. Nous sommes en Orient et ce beau cheval à la robe brune et à la crinière claire a fait l’objet d’un présent à un personnage important. Delacroix utilise le cheval pour décrire les sentiments humains : sentiment de liberté, de révolte, d’impétuosité ou de peur. Prisonniers de leur condition animale, les chevaux de Delacroix évoquent la condition humaine face aux incertitudes du destin.

Avec l’exposition des Massacres de Scio au Salon de 1824, Delacroix est regardé, par le public et la critique, comme le chef de file de l’école romantique naissante. L'achat de l'œuvre par l’Etat lui permet de voyager en Angleterre où Soldat oriental et pur-sang est exécuté en 1825. Hébergé chez Elmore, un éleveur de chevaux de course, Delacroix y apprend à monter et perfectionne son étude de l’anatomie animale. Armes, chevaux et fougue, cette œuvre illustre, sur le mode de l’Orient et après la leçon de Géricault, le romantisme pictural né un an auparavant.

Le peintre Paul Huet, paysagiste et ami de Delacroix, qui a été propriétaire du tableau en 1828, fut victime d’une indélicatesse, que son fils relate dans ses Mémoires. Un marchand lui emprunta l'œuvre pour la faire signer par Delacroix. Au lieu de la restituer, il la négocia et Huet ne réussit qu’à se faire indemniser. Par un heureux hasard, il la rachètera, dans une vente aux enchères publiques, deux ans plus tard.


 Laure Desthieux
19.11.2001