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Marché

Paolo Uccello
Sainte (Scolastique ?)
avec deux enfants
détrempe sur panneau,
79x35 cm

Paolo Uccello, un siècle après

Cela faisait 103 ans qu'une œuvre de Paolo Uccello n'était pas apparue sur le marché. Le fragment de retable proposé aujourd'hui à Milan par Finarte mobilise les amateurs de ce peintre rare.

On connaît la célèbre anecdote transmise par Vasari : le peintre vieillissant passe ses nuits à dessiner de complexes perspectives alors que sa femme l’exhorte à aller se coucher… Le tableau vendu aujourd’hui à Finarte décevra les attentes en ce domaine : il ne comporte aucun mazzocco - cet excentrique chapeau à facettes dont le peintre couvrait ces cavaliers, et qui lui servait à montrer sa virtuosité. Mais le seul fait de voir passer Paolo Uccello en salle d’enchères tient de l’exceptionnel. «Le Bénézit mentionne une vente à Londres en 1935. Mais les spécialistes ne sont pas tous d’accord. En revanche, le dernier mouvement dont l’on soit certain concerne Saint Georges et le dragon acquis en 1898 par le musée Jacquemart-André à Paris», explique Alessandro Galli, l’un des experts de la vente.

La pièce proposée provient de la collection toscane des Contini-Bonacossi. Elle a été décrite par Roberto Longhi et, après lui, par les principaux commentateurs comme Bernard Berenson. «Le tableau apparaît en 1928 lorsqu’il est analysé par Longhi, confirme Alessandro Galli, mais l’on n’a pas d’information sur son parcours antérieur. Il y a cependant une mention sur une étiquette au dos. On y lit le terme français «emballeur à Paris» et le nom de Foulkes, qui était une historienne d’art connue du début du siècle.» Le tableau représente une sainte. On a avancé le nom de sainte Scolastique, la sœur de saint Benoît, mais sans certitude. Le format en hauteur exclut l’hypothèse d’une composition isolée. «Il s’agissait probablement de la partie droite d’un retable, dont le centre devait être une Vierge à l’enfant, entourée de deux figures de saintes, dont la présente. Elle tient un rosaire dans la main mais on ne dispose pas d’éléments suffisants pour l’identifier.» explique Angelica Poggi, l’autre expert de la vente.

Même s’il est difficile d’établir une estimation en l’absence de points de repère, les organisateurs avancent le chiffre de 7-10 millions FF. L’état du tableau est bon, hormis quelques retouches à droite, sur le fond rose, près du coude du personnage. Elles ont servi à dissimuler une serrure : une fois démembré (les autres éléments de l’ensemble ont disparu), ce fragment a probablement servi de volet à un tabernacle. Quant à la date de réalisation, les experts avancent les années 1433-1435, juste avant le portrait à cheval du condottiere Giovanni Acuto.


 Rafael Pic
20.11.2001