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Tomás Llorens : «300 nouveaux tableaux à Thyssen-Bornemisza»

Alors qu'elle va bientôt fêter son 10e anniversaire, la fondation madrilène est engagée dans une politique d'agrandissement, comme nous le confie son conservateur.

Comment est constituée votre collection ?
Tomás Llorens, conservateur en chef du musée Thyssen-Bornemisza.
C’est la collection du baron Hans-Heinrich Thyssen-Bornemisza, auparavant à la Villa Favorita, à Lugano, qui compte 775 tableaux. Par une déclaration d’intention signée en 1987, l’Etat espagnol s’engageait à l’accueillir sous forme de prêt. Elle est ouverte au public depuis le 10 octobre 1992, dans un bâtiment du 19e siècle, le palais de Villahermosa, restructuré par Rafael Moneo. Prêtée à l’origine pour une durée de 9 ans et demi à l’Etat espagnol, la collection a été acquise par ce dernier en juin 1993 pour 350 millions de dollars.

Quelle est votre politique en matière d’expositions ?
Tomás Llorens.
Comme beaucoup de musées, nous organisons deux types d’événements : de grandes expositions monographiques ou thématiques comportant de 80 à 100 tableaux et de petites expositions dossiers autour d’une œuvre de la collection. Ces dernières doivent être en relation avec les points forts de nos collections : peinture hollandaise du 17e siècle, paysages américains du 19e siècle, avant-garde du 20e siècle, etc. Contrairement à ce qui se passe ailleurs, nous montons seuls la plupart de nos expositions. Le coût en est proportionnellement plus élevé mais il est plus facile d’obtenir des prêts puisque la durée d’exposition est plus courte. Il y a bien sûr quelques exceptions comme les rétrospectives Greco, montée avec le Palazzo delle Esposizioni de Rome et le musée d’Athènes. Nous venons d'ouvrir la rétrospective Braque et prévoyons ensuite des expositions Sisley, Delaunay. Puis, à partir de 2003 , «Peinture et musique dans les avant-garde du 20e siècle», Corot, Gauguin, Constable.

Vos budgets sont-ils équilibrés ?
Tomás Llorens.
Les grandes expositions – même si elles coûtent cher : entre 0,5 et 1,5 million d’euros - dégagent une marge bénéficiaire, grâce aux billets vendus et au sponsoring. J’en profite pour rappeler qu’elles sont un élément fondamental de la hausse de la fréquentation du musée. Après l’intérêt suscité à l’ouverture (620 000 visiteurs en 1992), nous sommes tombés en quelques années à 450 000 entrées. Si nous dépassons aujourd’hui 650 000 visiteurs, nous le devons aux grandes rétrospectives. Le budget total du musée est de l’ordre de 9 millions d’euros. Nos revenus couvrent entre 70 et 80% des dépenses. Le déficit annuel – environ 2 millions d’euros – est couvert par une subvention publique.

Vous avez un projet d’agrandissement.
Tomás Llorens.
Nous disposons actuellement de 16 000 mètres carrés dont 7 000 sont consacrés à nos collections. Nous avons signé un accord en septembre 1999 avec Carmen Thyssen-Bornemisza pour accueillir, sous forme d’un prêt de onze ans, les 300 tableaux de sa collection. L’agrandissement, dont le budget est de 20 millions d’euros, sera achevé en décembre 2003. Il consiste à agencer deux immeubles voisins que la fondation a achetés, après en avoir démoli une partie. Nous allons ainsi gagner 8 000 mètres carrés, dont une partie servira à la collection permanente (2 500 mètres carrés pour 14 nouvelles salles) et une autre aux expositions temporaires. Le concours, sur invitation, a été remporté par Manuel Baquero. Pendant les travaux, le musée ne fermera pas.


 Rafael Pic
07.02.2002