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British Galleries : ouverture en fanfare

L'ouverture des nouvelles salles du Victoria & Albert Museum, consacrées à l’art décoratif, est ternie par une polémique mêlant l'art contemporain, Winston Churchill et les orchestres de cuivres.


Galerie18e siècle
Plafond de Robert Adam (1728-92)
© Victoria and Albert Museum
Quinze nouvelles salles, plus de 3000 objets, un budget de 31 millions £ sterling, l’aménagement des nouvelles salles du Victoria and Albert Museum est le projet muséographique le plus ambitieux en Grande-Bretagne depuis la Seconde Guerre Mondiale. Si l’architecture du musée n’a pas été profondément modifiée, de nombreux aménagements ont été nécessaires. Alastair Gourlay de GA Associates a été chargé de ces travaux. Ils comprennent le percement d’un oculus entre les deux étages où est installée une commande faite à l’artiste contemporaine Cornelia Parker. D’anciens espaces dévolus aux réserves ont été ouverts et deux ascenseurs ont été mis en place pour élargir l’accès du musée. La scénographie a été confiée à Dinah Casson de CassonMann, qui a opéré dans un style résolument moderne et coloré. D’une manière générale, l’accent est mis sur l’approche pédagogique, qui est la vocation initiale du V&A.

Cette vaste collection d’art décoratif britannique datant de 1500 à 1900, représente toutes les disciplines – mobilier, textile, argenterie, orfèvrerie et faïence, mais aussi, peinture, sculpture, édition, gravure et dessin. Cinq salles présentent les objets par période et de façon très didactique. Quatre thèmes sont explorés de façon systématique : « Le Style », « Qui donnait le ton ?», « Quoi de neuf ?» et « Vivre avec son temps ». On y trouve par exemple le Great bed of Ware cité par Shakespeare et par Lord Byron, dont Charles Dickens voulut faire l’acquisition. Ce lit, qui aurait servi à 26 bouchers et à leurs femmes en 1689 à la veille du couronnement de Guillaume III, a l’inquiétante réputation d’être hanté. On peut admirer également une œuvre emblématique de l’Angleterre du 19e siècle, La cathédrale de Salisbury par John Constable (1820). Le salon de musique de Norfolk House, réalisé pour le duc et la duchesse de Norfolk, véritable symbole de la splendeur des intérieurs londoniens du 18e, a été entièrement reconstitué. On rencontre également de nombreux exemples de costumes, comme la veste portée par Margaret Laton en 1620, exemple unique de cette époque. Enfin, des manufactures célèbres comme Liberty ou Wedgwood sont abondamment représentées.


Salon de musique de Norfolk House
© Victoria and Albert Museum
Véritable nouveau musée au sein du V&A, les spectaculaires British Galleries ouvrent par un scandale . L’œuvre de Cornelia Parker a fortement choqué son donateur, la Churchill Society. L’institution avait demandé que l’amour de Sir Winston Churchill pour les orchestres de cuivres y soit mis en valeur. L’artiste qui a l’habitude de faire exploser, puis de reconstituer des objets, a pris cette fois-ci le parti d’aplatir des cors et des trompettes. Cornelia Parker prétend avoir récupéré des objets que l'armée du salut comptait reléguer à la ferraille. Mais l’organisation est fâchée que ces instruments, probablement réparables, soient ainsi sacrifiés sur l’autel de l’art conceptuel. Cet accident de dernière minute sera sans doute la seule fausse note de cette inauguration !


 Laure Desthieux
22.11.2001