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Expositions

Hishikawa Moronobu, Scènes du quartier des plaisirs Yoshiwara,
1684-94. Ecrant pliant, encre, couleur sur papier doré à la feuille
Museum of Fine Arts, Boston, don d'Oliver W. Peabody, 1879
© 2000/ All Rights Reserved

Ukiyo ou la vie de bohème

La très rare collection d’estampes japonaises de la période « ukiyo » du Museum of Fine Arts de Boston est à découvrir à Londres.

« Vivre pour le moment /.../, chanter des chansons, boire du vin et se divertir en ne faisant que flotter, flotter... », c’est ainsi qu’est défini le terme « ukiyo » dans le livre Un conte du monde flottant, (Asai Ryoi, Ukiyo monogatari, c.1665). Dans la ville d’Edo (aujourd’hui Tokyo), se trouvaient des quartiers consacrés au plaisir, à l’amusement et au théâtre populaire. On y rencontrait des courtisanes et des acteurs de kabuki. Les artistes « ukiyo » dépeignaient la vie de tous les jours, fort raffinée, dans cette partie de la ville. Très populaires, ces images, d’abord présentées sur des rouleaux, ont été rendues plus accessibles par leur gravure sur des feuilles de divers formats.


Miyagawa Choshun, Danseuse,
Rouleau suspendu, encre, couleur,
or et argent sur papier. Museum of
Fine Arts, Boston. William Sturgis
Bigelow Collection, 1911
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Cette collection unique a été acquise au début du 20e siècle. La Royal Academy of Arts présente environ 140 peintures et gravures jamais exposées en dehors de Boston et pour la plupart jamais montrées au public. Les maîtres, parmi les plus novateurs, Hishikawa Moronobu (?-1694) ou Okumura Masanobu (1686-1764), y figurent, ainsi que les écoles Kaigetsudo et Torii. Datant de 1660 à 1760, ces œuvres révèlent le développement d’un style et de ses techniques.


Okumura Masanobu (attribué à), Scène
de la pièce Kanadehon. Chushingura
au théâtre Nakamura
, 1749; bois de
graveur. Museum of Fine Arts, Boston
William Sturgis Bigelow Collection, 1911
© 2000/ All Rights Reserved
C’est en quelque sorte Hishikawa Moronobu qui a donné le ton avec ses descriptions de scènes du théâtre Nakamura Kabuki. Le kabuki était sans conteste le genre théâtral le plus populaire à la fin du 17e siècle au Japon. Les acteurs les plus célèbres étaient représentés en costumes. La maîtrise de la gravure sur bois permettait une large diffusion de ces illustrations. Okumura Masanobu a apporté nombre d’innovations avec notamment l’utilisation de la perspective, comme en témoigne sa Scène de la pièce Kanadehon Chushingura au théâtre Nakamura. Des portraits de courtisanes, subtilement provocateurs, étaient produits en quantité et probablement vendus dans une boutique de ces quartiers. La Danseuse de Miyagawa Choshun en est un exemple parfait. Les « shunga », livres illustrés érotiques dans des formats discrets, avaient également beaucoup de succès. Cette collection des premiers « ukiyo » apporte un véritable témoignage de la vie dans la capitale du Japon au 17e et 18e siècle et donne un aperçu des attraits piquants de ce « monde flottant ».


 Laure Desthieux
26.11.2001