Home > Le Quotidien des Arts > La peine des hommes

Expositions

Eugène Buland,
Le repas du jardinier
, 1899
© Musée Jean-de-La-Fontaine,
Château-Thierry

La peine des hommes

Le musée des Beaux-Arts de Dunkerque rend hommage à l’activité ouvrière du nord de la France en proposant un parcours dans le monde du travail de 1870 à 1914.


Julien Dupré,
La vache échappée, 1890
Musée des Beaux-Arts de Dunkerque
© Photo : Mallevaey
La période charnière choisie par les musées de beaux-arts de Dunkerque, de Pau et d'Evreux rappelle les mutations sociaux-culturelles et l'avénement de la peinture réaliste. De la fin du 19e siècle à la veille de la première Guerre Mondiale, un engouement nouveau apparaît pour les représentations du petit peuple et le monde du travail. Encouragées par un gouvernement républicain, les scènes de travail se multiplient illustrant la modification progressive du paysage national. Profondément rurale, la France subit alors une mutation progressive, des plaines à l’usine. Un exode qui aboutit en 1931 à une prédominance de la population urbaine sur le monde rural. Petites industries, échoppes et artisanat sont remplacés par des chantiers de reconstructions, de hautes cheminées et un élan certain vers une modernisation des techniques. Dans le domaine des Beaux-Arts, le mouvement réaliste traduit le climat de cette époque, entre Révolution industrielle, artisanat traditionnel et l'image du travailleur héroïque. Les foins de Jules Bastien-Lepage traduit cette attirance persistante pour la Terre nourricière et le monde paysan encore représentatif du travail. D’autres artistes participent à ce courant naturaliste : Alfred Roll, Pascal Dagnan-Bouveret, Francis Tattegrain, Jules Adler ou encore Henri Gervex.


Ludovic Alleaume,
Les Fendeurs d'ardoises,
vers 1887
Collection musée de Laval
© Photo : Regards
Les soixante œuvres présentées dans l’exposition proviennent de plus de 70 musées français comme le musée d’Orsay, le musée des beaux-arts de Nantes et de Bordeaux. À cette occasion, 15 toiles ont été restaurées, parmi elles le Retour de pêche d’Ulysse Butin. Cette toile de 1881 célèbre une procession à Villerville et témoigne de l’évolution du réalisme vers un certain modernisme. Cinq thèmes sont explorés : les gens de la mer avec des toiles de Jules Adler comme Les Haleurs de 1904, les travailleurs de la terre illustrés par La fenaison de Julien Dupré en 1882, La visite de l’usine après une soirée chez le directeur d’Ernest-Georges Bergès présente le travail de la forge, les petits métiers permettent de comparer une toile de Degas, Les repasseuses, aux Blanchisseuses de Marie Petiet, une dernière section fait honneur aux portraits, sujet dans lequel excelle Alfred Roll. Alors qu'en 1986 l’ouverture du musée d’Orsay permettait de redécouvrir la peinture académique, l’exposition de Dunkerque réhabilite les petits maîtres de l’École de la blouse bleue restés dans l’ombre de la figure emblématique du Réalisme : Gustave Courbet.


 Stéphanie Magalhaes
27.11.2001