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Musées

Patrick Périn, du musée des Antiquités Nationales

Trois boucles en argent nous ramènent à l'époque du bon roi Dagobert.


Boucle de ceinture mérovingienne,
Musée des Antiquités Nationales
© F. Lontcho/Errance
Le sarcophage n°9 faisait partie d’un ensemble de sépultures mérovingiennes mises au jour dans les années 50 sous la basilique de Saint-Denis. De pierre blanche, lisse, monolithe, il est de forme trapézoïdale. Long de 2m25, il mesure 65 cm en tête et 50 cm en pied. Endommagé sur les bords de la cuve, il fut violé par des pilleurs. Le squelette assez complet gisait sur place. La tête, écrasée, reposait sur le côté gauche et les pieds étaient joints. L’étude des os a révélé un sujet gracile, assez âgé et montrant des symptômes d’ostéoporose constitutionnelle.


Plaques-boucle et passes-courroie
mérovingienne
,
Musée des Antiquités Nationales
© F. Lontcho/Errance
Bien que la sépulture ait été violée, il subsistait sous la terre des éléments de mobilier funéraire aux emplacements normalement occupés du vivant de la défunte. Par ailleurs, tous les textiles avaient été détruits par le contact de la terre. Le mobilier retrouvé se réduisait à une plaque-boucle de ceinture et une paire de plaques-boucles de jarretières avec leurs passe-courroies, toutes d’argent niellé. Retrouvée près des côtes, la boucle de ceinture de 10,7 cm de long semble avoir été réalisée à la cire perdue, comme d’ailleurs le reste des objets. De forme légèrement triangulaire et ajourée le long de ses grands bords, elle supporte trois bossettes. Purement décoratifs, ces cabochons ont été fondus à part puis fixés par des rivets (petits clous) à la plaque. Egalement en argent, ils sont entouré d’un léger filet en or hachuré. L’ensemble dont le décor est venu de fonderie, a été repris et niellé sur toute sa surface. On reconnait style animalier germanique ou Style animalier 2, très stylisé. Réalisé de manière symétrique, il se caractérise par la représentation d’étranges têtes stylisées. Sur la partie principale de la boucle, cernés par les trois cabochons, des entrelacs de grènetis décorent l’axe central pour se terminer par deux têtes zoomorphes s’affrontant. On retrouve également, entre les deux bossettes supérieures, deux têtes de canard (?) dont les corps s’entremêlent. Quant au porte-ardillon, il est orné de dauphins, dont le style rappelle celui de représentations antiques romaines.

Les deux plaques-boucles de jarretières retrouvées au niveau des genoux, semblent être de facture moins élaborée. L'ornement principal se compose de deux volutes, encadrant une forme cruciforme, terminées par des têtes zoomorphes aux yeux ronds et au bec allongé et crochu. Quant à l'ardillon et à son support, ils n’ont aucun décor particulier. Les passe-courroies en forme de languettes, décorées de simples entrelacs, étaient à l’origine rivetées à l’extrémité libre du lacet de cuir. En témoignent les deux petites ouvertures, dans lesquelles étaient passés les rivets et qui sont encore visibles.


  Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui
06.12.2001