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Marché

Sous le signe de Victoria

Christie's Londres met en vente onze toiles de la fondation De Morgan et plonge dans l’Angleterre de l’Arts & Crafts. Au menu : Tissot, Alma-Tadema ou Spencer Stanhope.


James Jacques Joseph Tissot,
Le hamac, huile sur toile
Estimation : 1,2 / 1,5 million £
Alors que Christie’s fête l’art anglais depuis une semaine, les salles de King Street accueillent ce soir une vente de prestige. Tous les plus grands noms de la peinture britannique sont réunis depuis Thomas Gainsborough jusqu’à Laurence Stephen Lowry. L’accent porte plus particulièrement sur la fin du 19e siècle, illustrant l’opposition entre le conservatisme des expositions de la Royal Academy et la modernité revendiquée par les artistes de la Grosvenor Gallery. Parmi les premiers, on retrouve Alma-Tadema dont les figures sensuelles de jeunes femmes, appréciées des collectionneurs victoriens, trouvaient une justification morale dans la reconstitution d’un univers « à l’antique ». Les jeunes patriciennes alanguies qui figurent dans Animaux aquatiques (250 000 £) et Jardin de jeux (150 000 £) en sont deux exemples, peints en 1875 l’année de son intronisation comme membre de la Royal Academy. Parmi les seconds figurent Tissot. Le portrait de sa bien-aimée, Kathleen, dans Le hamac, illustre à merveille l’influence qu’exerçait sur lui l’art japonais (1,2 / 1,8 millions £).


John Roddam Spencer-Stanhope,
La chanson de Salomon,
huile sur panneau
Estimation : 300 / 500 000 £
Parmi les 31 lots mis en vente, 11 sont proposés par la fondation De Morgan. Les 2 millions £ qu’ils devraient rapporter serviront à assurer le financement d’un espace d’exposition permanent et d’un centre d’études londonniens. Bien qu’elles n’aient pas été acquises par William et Evelyn De Morgan, ces toiles restituent l’univers de ce couple phare de l’Arts & Crafts. La plupart d’entre elles ont été peintes par l’oncle d’Evelyn, John Roddam Spencer-Stanhope (1829-1908), un artiste victorien appartenant à la mouvance pré-raphaélite, ami de Watts, Burne-Jones ou Rossetti. C’est le cas de Pénélope rêvant devant son métier à tisser en attendant le retour d’Ulysse (400 000 £) ou du Chant de Salomon (300 000 £) peinte dans un décor qui rappelle le lieu enchanteur où l’artiste britannique s’était établi pour redécouvrir les maîtres du Cinquecento, la villa Nuti, aux abords de Florence.


 Zoé Blumenfeld
28.11.2001