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Expositions

© Mieczyslaw Wasilewski

Lautrec renaît de ses affiches

À l’occasion du centenaire de la mort d’Henri de Toulouse Lautrec, le Centre Georges Pompidou donne la parole aux grands noms de l’art contemporain dans un nouveau Salon des Cent.

Sur l’initiative du club des partenaires du musée Henri de Toulouse-Lautrec d’Albi, grâce au travail de l'imprimerie Escourbiac et à la sélection du graphiste néerlandais Anthon Beeke, 100 artistes internationaux ont rendu hommage, bénévolement, au grand affichiste français du 19e siècle. « Il est intéressant de voir que Lautrec parle encore aux artistes du 21e siècle. Sa contemporanéité n’est donc plus à prouver. Les principes utilisés par les affichistes ne diffèrent en rien des techniques de Lautrec : aplats de couleurs, intégration du texte à l’image. » nous fait observer Mme Devynck, conservateur du musée d’Albi. Sur les murs de l’espace d’exposition, des œuvres d’artistes contemporains du monde entier reflètent l’ambiance du Salon des Cent créé par Léon Deschamps en 1894 pour promouvoir les jeunes talents. Henri de Toulouse-Lautrec y a participé en 1895 et en 1896 avec deux affiches : La passagère du 54 et le frontispice de la série « Elles ».

Des grands noms de l’art contemporain se sont prêtés au jeu. Parmi eux des artistes français comme Philippe Apeloig qui propose un travail à partir d’une photographie de l’artiste, Alain Le Quernec le crucifie sur un fond rouge sang, Michel Bouvet et Stéphanie Couderc font planer son ombre sur l’affiche blanche. Raymond de Savignac joue la carte de l’humour en présentant l’artiste aux côtés d’une femme très légèrement vêtue. Plusieurs thèmes de l’univers de Lautrec reviennent en boucle : son attirance pour les femmes a marqué Chaz Maviyane-Davies du Zimbabwe ou encore Pierre Neuman qui propose un gros plan sur des porte-jarretelles et Anthon Beek qui rive son objectif sur un corset lacé. Les estampes japonaises ont fortement influencé son art, l’artiste Tadanori Yokoo lui rend hommage en le revêtant d’un riche kimono.

Des figures célèbres de l’univers de Lautrec sont réinterprétées par ses « petits-enfants ». Ainsi, Jane Avril se retrouve accompagnée d’un cyber-chien dans l’affiche de Shigeo Fukuda et La Rousse exhibe un short en jeans délavé dans l’œuvre de Harri Peccinotti. Les pastels cités par Michal Batoty font références à l’étude célèbre, Au salon : la rue des Moulins et autres travaux fait dans cette technique par un artiste, ne l’oublions pas, originaire de la ville ambassadrice de cette matière : Albi. Le profil à la craie tracé par George Tscherny se place dans cette même optique tandis que la page internet de Jean-Benoît Levy lui rend toute son actualité. La personnalité de l’artiste et son profil caricatural font de lui une source de création comme le démontre l’œuvre signée Mieczyslaw Wasilewski. Chaque affiche bénéficie d’une double signature, celle de l’artiste et de son modèle.


 Stéphanie Magalhaes
24.11.2001