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Politique culturelle

Venise : du sang neuf pour la Biennale 2002

Au lendemain de sa nomination, le directeur de la prochaine édition, Dejan Sudjic, nous précise ses ambitions.


L'Arsenal de Venise
Dejan Sudjic est britannique. Il a 49 ans. Créateur de la revue «Blueprint», critique pour «The Observer» et actuellement directeur de la revue «Domus», il a également a son actif la direction de «Glasgow 99 City of Architecture», une manifestation qui a recueilli un grand succès critique et de fréquentation. Il a été nommé directeur de la Biennale d’architecture de Venise 2002.

Votre Biennale a été baptisée «Next». Pourquoi ?
Dejan Sudjic.
L’objectif est de choisir les cent projets qui vont marquer les dix prochaines années. Le défi n’est pas simple. Il consiste à déceler ce que seront les futurs Guggenheim ou Centre Pompidou alors qu’ils ne sont pas encore sortis de terre, alors qu’ils ne sont qu’à l’état de maquettes, voire de plans ! Et j’insiste sur le fait que nous allons choisir cent projets et non cent architectes. Ces projets devront tous être marquants, d’une façon ou d’une autre, que ce soit par les techniques utilisées ou par leur fonction sociale.

Comment votre Biennale se distinguera-t-elle de la précédente édition, due à Maximilano Fuksas ?
Dejan Sudjic.
Il est bon que chaque directeur donne son empreinte propre à la manifestation. La biennale passée portait sur un thème très abstrait avec beaucoup de vidéo. Je souhaite quelque chose de beaucoup plus concret, matériel, physique. Pour moi, une biennale d’architecture doit rassembler des choses que vous ne pouvez pas voir ailleurs. Nous aurons des maquettes mais aussi de véritables éléments d’architecture, comme des morceaux de murs. Je ne rejette pas la vidéo ou internet – ce dernier media nous aidera d’ailleurs dans la sélection de projets - mais je suis contre le mélange des genres. Il est très difficile d’exposer côte à côte un dessin et une vidéo. Dans le même ordre d’idées, l’espace magnifique de l’Arsenal, l’un des plus beaux au monde, conservera une unité. Plutôt que de juxtaposer, d’accumuler des projets individuels, il y aura un design d’ensemble. A côté, bien sûr, comme d’habitude, on pourra visiter les pavillons nationaux, qui auront chacun leur propre commissaire.


L'Arsenal de Venise, les corderies
Vous étiez le directeur de Glasgow 1999. En avez-vous tiré des enseignements pour Venise ? Quel est votre budget ?
Dejan Sudjic.
Glasgow 1999 a en effet attiré un million de visiteurs. Je me suis aperçu de l’audience très large que peut avoir l’architecture. Nous nous adressions aussi bien aux écoliers qu’aux intellectuels. Le budget de la Biennale est de 1,5 millions $. La sélection représente un travail très important en termes de consultation, de voyages. D’autant plus que nous voulons donner une ouverture très large. Lors de la présentation, l’intérêt montré par des représentants de la république Tchèque, d’Israël ou d’Arménie nous a confortés dans cette direction. Un choix d’autant plus logique ici que Venise est l’une des premières véritables villes globales de l’histoire.


 Rafael Pic
24.11.2001